mercredi 8 avril 2015

Le gel des droits de scolarité cause des inquiétudes

Par Samuel Legresley

 
Le président de la FÉÉCUM, Pascal Haché
Un gel des droits de scolarité pour les universités néo-brunswickoises, mesure incluse dans le dépôt du budget provincial, a suscité beaucoup d’inquiétudes au niveau des universités.

Le budget 2015-2016, déposé le 31 mars dernier, impose un gel des droits de scolarité pour la totalité des universités néo-brunswickoises. Cela veut dire qu’aucune université de la province ne pourra hausser ses frais pour la prochaine année, comparativement à la montée habituelle de 3 % annuellement. Petit hic : le financement du gouvernement, qui monte de 2 % depuis quelques années, restera au même niveau que l’année précédente. Les universités qui s’attendaient à cette hausse de subventions gouvernementales sont donc prises au piège : elles devront aller chercher leur argent ailleurs. Puisqu’elles ne peuvent pas hausser leurs frais, elles auront sûrement à réduire leurs services existants pour la prochaine année.

Début de mandat houleux pour la FÉÉCUM

Mais où exactement? C’est la question dont se posent beaucoup de gens à l’Université. Parmi les inquiets se trouve Pascal Haché, nouveau président de la Fédération des étudiantes et étudiants du centre universitaire de Moncton (FÉÉCUM), qui commençait son mandat le 1er avril, jour qui suivait l’annonce du dépôt du premier budget du gouvernement Gallant.

«Je commence mon mandat avec un budget provincial qui a été déposé hier, qui d’après moi n’est pas en faveur des étudiants», dit-il, inquiet des conséquences entraînées par cette mesure. «J’ai vu beaucoup d’étudiants qui disent “Yé! Un gel!”, mais [il ne] faut pas penser qu’on a quelque chose avec ce gel-là. [Puisque] que le gel est pas financé, ça va mettre l’institution dans un problème financier important.»

Il fait donc allusion à l’annonce du 29 mars, quand le gouvernement a annoncé le gel en avance du budget : «Ils sont sortis dimanche en disant “Il y aura un gel des frais de scolarité”. Là il faut se dire “Ça vient d’où, ça?” Le gouvernement, en disant qu’il impose un gel et ne le finançant pas, c’est comme dire “Pff, arrangez-vous avec votre problème”.»

Il déplore donc les décisions du gouvernement sur l’éducation postsecondaire : «Pour une petite province qui a de la misère financièrement, ça démontre qu’il n’y a pas de plan à long terme pour
l’éducation.»

Comme les deux derniers comités exécutifs de la FÉÉCUM, il désire encore une fois parler à l’Université et aux professeurs, afin de se rallier pour demander davantage de financement auprès du gouvernement : «Je ne sais pas comment urgent qu’il faut que la situation soit pour que l’université sorte et dise “C’est assez, là. L’université et l’éducation postsecondaire ont besoin d’argent.”»

Il dit qu’une manœuvre politique ralliant les trois pouvoirs de l’Université — l’administration, les professeurs et les étudiants — est nécessaire afin de demander plus de financement. «La communauté se dit : “Les étudiants chialent tout le temps”, mais nous, on va continuer à chialer, c’est notre job. […] Avec les trois, notre message est plus concret, et la communauté va [mieux] comprendre notre message.» Pascal Haché compte donc faire son possible pendant son mandat pour inciter l’administration à faire front commun avec les professeurs et les étudiants : «Ce que je veux faire, c’est de commencer du bon pied; on va proposer qu’on travaille ensemble. […] Je pense que c’est important qu’on trouve un terrain d’entente, [malgré nos] divergences d’opinions.»

Où devra-t-on aller chercher les fonds?

Pour le nouveau budget universitaire de l’année 2015-2016, on ne peut que spéculer quant aux mesures adoptées par l’Université et où elle coupera, en attendant le dépôt du budget au Conseil des Gouverneurs du 11 avril. Pour savoir si l’annonce du gel influencera le budget, Le Front a rejoint Thérèse Thériault, directrice des communications de l’Université : «Le budget est présentement réévalué. […] C’est sûr qu’il y aura une influence» dit-elle, en parlant des modifications qu’il subira suite à l’annonce du gouvernement.

L’université demeure toutefois muette quant aux démarches qu’elle entreprendra avant le Conseil des gouverneurs : «On le saura en temps et lieu», indique Thérèse Thériault. Il ne reste donc qu’à attendre ce jour pour savoir ce que l’Université de Moncton fera pour combler ce manque à gagner.

Rêves de Tampa Bay et frais de scolarité

Par Marie-pier Cyr

Mardi dernier, le nouveau budget provincial a été révélé au grand public.Quelques vieilles promesses ont été tenues, telle la taxe sur les riches ainsi qu’une injection de plusieurs millions dans l’infrastructure des routes (ce qui, apparemment, crée de l’emploi. On verra bien), et quelques mauvaises surprises ont été annoncées; des coupures dans les postes d’éducation, mais surtout, ce fameux gel sur les fonds donnés aux universités par la province. Qu’est-ce que tout cela veut dire? Ça veut dire que ça va barder, samedi prochain, lors de la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs
de l’Université de Moncton.

Chaque année, le Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton se réunit à Taillon afin de faire l’état de la situation de l’université et de proposer un nouveau budget pour la prochaine saison d’automne. Et puis cette année, il y a le gel, ce qui signifie qu’un montant significatif de fonds provenant de la province ne fera pas partie du budget. Cela nous indique, comme d’habitude, qu’il y a des coupures à faire, de l’argent à aller chercher, et des étudiants à vexer. Comme les frais de scolarité chez les étudiants d’origine néobrunswickoise ne peuvent augmenter en raison du gel, il faut aller chercher cet argent quelque part. Mais où? Il y a toujours les frais de stationnement à augmenter, parce que 150$ pour un stationnement pratiquement toujours mal-déblayé en hiver, ce n’est pas assez. Par contre, ce que plusieurs craignent, c’est l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants internationaux, ce qui constituerait une deuxième hausse en deux ans. On s’en rappelle, l’an dernier, les frais de scolarité des étudiants internationaux ont subi une hausse de près de 1000$
suite à l’annonce du budget (999$ pour être plus précis. Il faut quand même donner un rabais de 1$, pour le moral), ce qui a causé beaucoup de mécontentement ainsi qu’une brève manifestation. On ne parle pas d’un soulèvement du calibre de Québec, mais c’était tout de même un solide effort pour des étudiants qui n’ont guère l’habitude de contester quoi que ce soit.

Il y a-t-il d’autres alternatives? Est-il possible de se serrer la ceinture du côté administratif, plutôt que de trouver d’autre façon toutes aussi créative l’une que l’autre de puiser l’argent nécessaire de la poche des étudiants? Il est fort probable que oui, bien que cela puisse ruiner les rêves de retraite en Floride pour certains. Chez les étudiants canadiens, il est possible de se demander : en quoi tout cela me concerne? Mes frais de scolarité n’augmentent pas, autant s’en réjouir et s’en contenter pour l’instant. Ça pourrait être pire.

Le problème, c’est le principe de la chose. Le problème, c’est le fait que ce sont bien trop souvent les étudiants qui en payent le prix, alors que nos chers administrateurs de Taillon restent confortables dans leur tour inaccessible en rêvant aux plages de Tampa Bay. Combien fautil d’employés à l’administration pour diriger une université? Est-ce que ce nombre devrait surpasser le nombre de professeurs? Si 40% des employés de l’université contribuent au savoir et à l’apprentissage des étudiants, alors que 60% des employés occupent des fonctions administratives, est-ce véritablement pour le bienêtre de ses étudiants? Il y a fort à parier que non.

Il est temps de reprendre contrôle de notre université, et rappeler à tous que sans nous, étudiants et étudiantes d’ici et d’ailleurs, l’université de Moncton cesse d’exister. On n’a peut-être pas de carrés rouges, mais nous aussi, on a une voix. 

jeudi 2 avril 2015

Dépenses unilatérales à la FÉÉCUM : dissidences d’opinion à l’exécutif

Par Samuel Legresley

Les opinions s’entrechoquent en cette fin de mandat de l’exécutif de la Fédération des étudiantes et étudiants du centre universitaire de Moncton (FÉÉCUM), particulièrement sur les dépenses récentes faites par le président Moncef Lakouas.
Certains membres du comité exécutif et du conseil d’administration de la FÉÉCUM dénoncent le président pour ses décisions quelques jours avant la fin du mandat 2014-2015,et ont même considéré des « actions concrètes » contre le président.

Des achats légaux, mais controversés

Le président de la FÉÉCUM, Moncef Lakouas
Sans consulter le Conseil d’Administration de la Fédération, Moncef Lakouas a apporté une commande de plus de 500 $ en livres, il y a quelques semaines. C’était afin de les distribuer au Conseil des gouverneurs d’avril où se tient la rencontre annuelle avec l’administration de l’université.

Il affirme que cette mesure a pour but de « développer une culture de comment mener le changement dans une institution qui a besoin de changement », en distribuant des copies d’un livre nommé « Our Iceberg is Melting », qui porte sur la nécessité de changer les choses. 

Moncef Lakouas avait également pour objectif de commander 300 gilets dans le but de mener une manifestation à la fin du mois de mars pour la baisse des droits de scolarité, mais une fois le CA informé, il a annulé la commande totalisant plus de 1400 $.

« [Cette manifestation visait à] dénoncer le manque de financement et forcer l’administration et le conseil des gouverneurs de prendre des décisions conscientes. », dit-il. Cependant, cette dernière démarche n’ira pas de l’avant à cause des différences d’opinions. « Maintenant, étant donné que l’exécutif est réticent par rapport à l’idée, la commande a été annulée, et dans ce cas-ci je relance la balle pour le prochain exécutif de trouver des moyens d’amener une manifestation pour dénoncer l’endettement dont on souffre. »
Malgré cela, le président maintient qu’il a le droit de faire ces dépenses en raison de ses fonctions. « J’étais tout à fait dans la légitimité de faire une telle dépense, étant donné que j’étais responsable du budget. »


Le VP interne déplore les actions du président

De l’autre côté, le VP interne sortant Sébastien Lord dénonce le pouvoir trop élevé du président de la FÉÉCUM, malgré le fait que la structure lui permet de le faire. « Ce n’est pas une question de grosses ou petites dépenses, c’est toujours une question du principe. », dit-il. Il maintient que c’est une question de savoir bien gérer les fonds des étudiants : « Le temps, le travail qui est donné par ces étudiants, nous devons avoir un immense respect pour ça. C’est pour ça que d’après moi, l’argent des étudiants devrait être bien dépensé, que ça soit 50 $, 500 $ ou 500 000 $. »

Il dit avoir considéré prendre des « démarches concrètes » contre le président, mais a reculé, compte tenu aussi du fait que le mandat de l’exécutif allait se terminer bientôt. « Après avoir consulté les membres [du CA], on a décidé que c’était pas nécessairement un cours d’idées à suivre. Donc il n’y a rien de gros qui va se passer de ce côté-là. ».

Il déplore donc la structure actuelle, qui permet aux membres de l’exécutif de prendre de telles décisions unilatérales sans conséquence. « Ça démontre des failles qu’on n’a pas vues auparavant dans la constitution et la façon de fonctionner à la FÉÉCUM, où des dépenses peuvent être faites par une seule personne. ».

L’équipe de Moncef Lakouas, Sébastien Lord, Pascal Haché et Freddy Bobo passera le flambeau à l’exécutif 2015-2016 le mercredi 1er avril, donc en recommandation pour le futur, Sébastien Lord propose de réviser ces « failles ». « Pour éviter ces lignes brouillées dans le futur, on devrait se pencher là-dessus en tant que fédération. »

mercredi 1 avril 2015

On amène la bouffe au Centre Étudiant!

Par Samuel Legresley

Le bar le Coude pendant le marché
Une brochette de marchands locaux a satisfait les papilles gustatives de la communauté universitaire sur une atmosphère musicale et conviviale, dans le cadre du troisième Marché à l’Université de cette année. L’événement, organisé par le Bar Le Coude, est le dernier avant la fin de session cette année. Cyril Kerboul, gérant du bar et organisateur, est fier du succès de l’initiative : « C’est le plus gros succès de tous les marchés, celui-ci ».

     
Le hall du Centre Étudiant lors du marché
En effet, le Marché a attiré les foules, surtout pendant la pause de midi. Il y a eu plus de marchands qu’à l’habitude, sans compter la performance musicale de Joey Robin Haché, qui est venu s’offrir en spectacle à ceux qui dégustaient leur repas local.

Parmi les nouveaux arrivés en nourriture, il y avait des sushis du resto Nippon, des mets moyen-orientaux du Blue Olive et du café en grains de Clémentine, en plus des habitués tels que les Chapatis Tunisiens, les spécialités italiennes du Carboni et les pâtisseries de la Boulangerie française. Selon Cyril Kerboul, l’activité marque un pont entre les marchands locaux, les gens de la communauté et les étudiants, qui ne peuvent pas toujours se rendre aux autres marchés de la région.

« Des étudiants qui n’ont pas de voiture n’ont pas accès au marché de Dieppe, au marché de Moncton. […] Ils voient juste ce qu’il y a sur le campus, ne peuvent pas sortir, donc s’ils peuvent pas sortir, il faut qu’on amène des choses ici », dit-il. « Pour la communauté étudiante, c’est primordial, s’intégrer à la ville. Pour la communauté [extérieure, c’est aussi bon de] connaître les étudiants. »

Gel des droits de scolarité : doit-on se réjouir?

Par Samuel Legresley

Dimanche dernier, Francine Landry, ministre de l’Éducation postsecondaire du Nouveau-Brunswick, révèle que la province imposera un gel des hausses de droits de scolarité pour l’année qui vient. Toutes les universités néobrunswickoises seront incluses dans cette mesure, qui fera en sorte de conserver les frais actuels pour l’année subséquente – y compris, bien sûr, ceux de notre chère université.

À Moncton, le budget 2015-2016 proposé ce mardi 31 mars au Conseil des gouverneurs conservera donc le même coût que l’année précédente; qui, selon les renseignements pour une année à temps plein, totalise 5604 $ pour les étudiants canadiens et 10 270 $ pour les internationaux. Comme on l’a vu dans le passé et dans les prédictions futures, les frais augmentent chaque année, mais pour une fois ils nous accordent un répit. Devrait-on se réjouir?

Demande à un étudiant, il te répondrait probablement « oui ». C’est vrai, son euphorie est justifiée. Si l’on compare cela à l’éventualité d’une hausse constante pour les prochains quatre ans, le gouvernement pompe essentiellement quelques centaines de dollars dans les poches de chaque étudiant néo-brunswickois. Toutefois, il faut y mettre un bémol : le danger de se réjouir trop vite, c’est celui de la satisfaction.

Dans n’importe quel mouvement, quand un manifestant a le ventre plein, il arrête de manifester. Quand les masses sont satisfaites, on perd le nombre et ne garde que quelques marginaux. Si l’étudiant moyen se contente de ces mesures temporaires, le mouvement perd de sa masse tangible, de sa matière première, de son essentiel : celui du nombre. Le problème se maintient : le gel des droits de scolarité ne fait que conserver les hausses des années précédentes, les taux grimpants depuis la fondation de l’Université qui ont fait l’objet maintes fois de manifestations dans le passé.

Les étudiants militent pour une baisse des frais, pas pour un gel. Le statu quo n’est jamais signe de progrès. Cette mesure, toutefois réjouissante pour certains, est une démarche temporaire; ne laissons pas cette lutte contre l’endettement étudiant être étouffée par nos ventres trop pleins de financements provisoires gouvernementaux. Le gel ne signifie pas un arrêt, il n’est qu’une pause. Et un répit de la hausse ne doit pas signifier un répit du mouvement étudiant.

Début mars, l’Université du CapBreton en Nouvelle-Écosse a pris position pour résoudre ce problème. Les trois pouvoirs de l’administration, du syndicat des professeurs et de l’association étudiante ont écrit une lettre au gouvernement, ensemble dans un élan de solidarité, pour défendre un enjeu qui leur est commun : la survie de leur université.

Bref, une institution veut rester rentable, et elle ne peut prendre autre mesure que d’aller gratter les poches des étudiants. On tient tous à notre seule et unique université acadienne ; si nous voulons sortir du cercle vicieux paralysant de la montée des frais et de la baisse des taux d’inscription, il ne faut pas s’arrêter là et se satisfaire aux gels de hausses.

Une population éduquée est essentielle à une économie qui prospère; l’éducation est à la base de tout. Si l’on veut maintenir une éducation postsecondaire de qualité en Acadie, il faut se mobiliser en tant que communauté universitaire et faire comme au Cap-Breton : attaquer le problème à la source. Mobilisons-nous une fois pour toutes, étudiants, professeurs et administration, pour demander la gratuité au gouvernement!