mercredi 25 mars 2015

Le dangereux phénomène du « slut shaming »

Par Lise Arsenault

Il est impossible d’aller sur Facebook, Twitter, Reddit ou Tumblr sans voir le mot «slut» (ou autres termes dérogatoires de ce genre) utilisé pour insulter et dégrader des femmes. Entre amis, ce sujet peut aussi entrer dans une conversation. Même si nous sommes toutes et tous des adultes ici à l’Université, il est possible de se souvenir de notre séjour au secondaire, où l’utilisation de ce mot était probablement encore plus fréquente qu’elle l’est aujourd’hui. Malheureusement, ce phénomène reste encore à être éliminé de notre démographie, alors voici pourquoi nous en discutons cette semaine. Pourquoi ce mot si dégradant est-il encore utilisé? Savez vous même pourquoi il est dit, et connaissez-vous les conséquences que cette insulte peut entrainer dans la vie des personnes qui en sont les victimes? Et pourquoi un autre double standard misogyne propagé dans la société patriarcale? Toutes ces questions seront répondues dans cette chronique.

Nous connaissons toutes et tous des personnes qui utilisent ce mot de façon régulière. C’est un mot utilisé purement pour insulter, pour faire propager de la honte et pour discriminer chez, majoritairement, les femmes. Son utilisation est encore plus évidente et ouverte sur les réseaux sociaux sur le web. Si elle porte un habit qui montre un peu plus de cuisse ou qui descend trop bas à la poitrine, c’est une « slut ». Si elle a des relations sexuelles avec quelqu’un et que l’on n’approuve pas, «slut». Si elle est fière de ses activités de nature sexuelles ou de son bel habit, c’est une « slut » encore. Puis maintes autres raisons peuvent « justifier » l’utilisation de ce mot horrible qui sort si facilement de la bouche et des claviers de gens autour du monde. Et ce sont toutes des raisons inacceptables.Le fait qu’une femme se réjouit d’une vie sexuelle active et consensuelle n’affecte absolument rien dans votre vie personnelle. Si elle décide de partager des images ou des vidéos de son corps de façon consensuelle et légale, elle en a complètement le droit! Et si elle s’habille d’une façon particulière, qui la rend confiante et heureuse dans son propre corps, avons-nous le droit de l’insulter ou l’intimider? Non! Aimeriez-vous vous faire rejeter pour des actions que vous faites dans votre propre vie et qui vous font plaisir? Je ne pense surtout pas.

Ce terme démontre aussi le sexisme qui est toujours présent dans la société patriarcale qui existe aujourd’hui. Habituellement (et je ne dis pas que des situations de « slut shaming » n’arrivent jamais au masculin), si un homme avait plusieurs partenaires sexuels ou une vie sexuelle active, il serait un héros dans son entourage. Un « stud », encore. Ses amis le féliciteraient. Mais chez la femme, il faut « ne pas distraire », « se respecter » ou « fermer ses jambes ». Pourquoi un tel double standard? Tout ceci remonte au temps où les filles devaient être «pures», donc vierges, avant le mariage. Une religion ou croyance personnelle n’est pas une excuse pour intimider ou discriminer contre des personnes qui sont libres de faire ce qu’elles désirent avec leur corps ou leur sexualité. On le sait tous depuis le primaire, l’intimidation est un acte abusif inacceptable. Alors pourquoi continue-t-on à se trouver des excuses pour en faire?

Ce phénomène peut aussi expliquer en partie la culture du viol, où les victimes d’agressions sexuelles sont tenues responsables des actes commis par la personne qui les a agressés. Nous connaissons tous des cas où des personnes se sont fait attaquées, mais « elle a des relations avec beaucoup de personnes, cela ne fait pas de différence », ou « sa robe était tellement courte, elle le voulait surement », ou même « je lui ai achetée une bière au club, elle me le devait. » Nous excusons, même nions l’existence d’actes criminels graves, pour les mêmes raisons qui sont utilisées pour faire du « slut shaming ». Avec une telle attitude, est-il si surprenant que plusieurs victimes ne déclarent pas leurs viols à l’autorité? Une peur de se faire blâmée, de se faire demandée des questions inappropriées (« Qu’est-ce que vous aviez comme tenue vestimentaire? Avez-vous bu un peu trop?, etc. »), ou tout simplement de ne pas se faire croire existe dans notre société.

Si vous pensez que vos paroles sont innocentes, pensez-y une deuxième fois. Nous sommes des adultes matures, ne laissons pas des choses comme les habits ou les vies sexuelles des autres nous faire dire des commentaires ou commettre des actes malicieux. Comme n’importe quel type de discrimination, il existe plusieurs conséquences pour les victimes. Nous ne voulons pas être moqués ou exclus en raison de nos propres choix, alors ne jugeons pas les autres sur les leurs. On arrête de dire aux femmes de «se fermer les jambes» ou de « s’habiller comme du monde » et on commence à célébrer le plaisir, la confiance en soi et la positivité sexuelle! À tous de décider ce qui est la sexualité et la tenue vestimentaire la plus appropriée pour leur vie et leur situation personnelle. Ce sera un pas de plus vers l’égalité.

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