mercredi 8 octobre 2014

Préparons nos parapluies…
par Valentin Depret, rédacteur en chef

Il a beaucoup plu sur le campus ces derniers jours. Une pluie fine qu’on arrive peu à percevoir depuis la fenêtre de nos salles de classe, mais dont il faut se méfier une fois dehors. Car certains, en sortant, se retrouvent complètement trempés sans rien pouvoir y faire. Alors que d’autres, plus prévoyants, arborent fièrement leurs parapluies. Le parapluie, c’est justement l’objet qu’il fallait avoir cette semaine. Pour se protéger de la pluie, certes, comme beaucoup d’entre nous l’ont fait dans les allées du campus. Mais aussi malheureusement, à quelques milliers de kilomètres de Moncton, pour se protéger de la police.

Avez-vous vu ces milliers d’étudiants chinois descendre cette semaine dans les rues d’Hongkong réclamer plus de droits et de libertés ? Non armés, de manière pacifique, sans violence ni haine, ils étaient juste là avec le coeur et l’envie d’un pays libre. Ces étudiants ont à peine une vingtaine d’années. Ils sont comme nous, des jeunes filles et de jeunes gars qui essaient d’exister au sein de la société. Des jeunes par milliers qui n’acceptent plus de subir les lois de quelques-uns. Cette insurrection pacifique, ils l’ont nommée « révolution des parapluies ». Le parapluie, leur seule arme contre la police, tout un symbole.

Et ce parapluie pourrait bien nous servir, à nous aussi, en ce moment. Pour la pluie, bien sûr, qui continuera sûrement à tomber dans les prochaines semaines. Mais aussi et surtout pour toutes ces inquiétudes que nous avons. Pour toutes ces colères qui parfois nous envahissent. Hausse des frais de scolarité, perte d’intérêt du personnel politique pour l’éducation, il y a des fois où l’on aimerait prendre à notre tour nos parapluies et clamer fièrement nos opinions et nos sentiments. Juste pour voir.

Car tous ceux qui ont déjà manifesté, tous ceux qui ont déjà éprouvé ce sentiment d’injustice qui nous pousse à descendre dans la rue savent de quoi je parle. Beaucoup d’entre nous en ont sûrement déjà fait l’expérience. Il n’y a qu’à regarder la couverture de chacun de nos agendas de la FÉÉCUM pour nous en rendre compte. La protestation est une action importante et symbolique. Elle nous permet parfois de défendre nos opinions personnelles, certes, mais elle exprime souvent surtout le ressenti d’une communauté toute entière.

Et les étudiants que nous sommes, à l’Université de Moncton, au Nouveau- Brunswick, au Canada, ont envie d’exister. Certes nous avons existé en votant, pour la plupart, aux dernières élections provinciales. Certes nous sommes fièrement représentés au quotidien par la FÉÉCUM. Certes nous sommes heureux de pouvoir étudier dans une Université comme celle que nous fréquentons. Mais il y a des jours où ce n’est pas assez. Où les enjeux sont tellement forts qu’ils ont des conséquences directes sur nos vies. Et là nous nous devons d’agir.


Je ne dis pas qu’il faut suivre l’attitude des étudiants chinois d’Hongkong. Leur situation est trop différente de la nôtre, plus difficile que la nôtre. Mais je crois qu’ils représentent une belle source d’inspiration. Une belle image à garder en mémoire. Car tôt ou tard, une nouvelle inquiétude pourrait surgir, une nouvelle colère pourrait nous envahir, à plus grande échelle. Et là, il faudra être prêts à sortir les parapluies.


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