par Simon Delattre
Le 25 février prochain, vous devrez élire vos représentants au sein de la Fédération des étudiantes et étudiants du Centre universitaire de Moncton (FÉÉCUM) pour l’année universitaire à venir. Plusieurs candidats se sont présentés à certains postes; il vous faudra donc faire un choix, un choix entre différentes visions de ce que doit être la FÉÉCUM, ses objectifs et ses moyens d’action. La Fédération des étudiants de l’Université de Moncton (FÉUM) est née en 1969 et elle fêtera donc ses 44 ans le 19 février. L’occasion de faire le point sur les transformations qu’elle a connues depuis sa création.
Elle est issue au départ d’un mouvement de revendications en faveur d’une plus grande accessibilité à l’enseignement postsecondaire, mais aussi pour la reconnaissance du bilinguisme. La FÉUM était alors un formidable instrument de politisation de la population étudiante et dotée d’une grande capacité à motiver les troupes. Elle privilégiait le rapport de force et des méthodes musclées ambitieuses pour se faire entendre (occupation de bâtiment, marche sur Fredericton, etc.). Puis, à partir des années 1980, elle s’est changée en groupe de pression institutionnalisé. Sa structure interne s’est davantage professionnalisée et les élus ont ensuite favorisé le dialogue à l’affrontement. D’abord attachée à défendre la cause acadienne, elle s’est progressivement concentrée sur les besoins des étudiants.
Bernard Lord a assuré 3 mandats à la tête de la FÉUM de 1984 à 1987 avant de devenir Premier ministre de la Province en 1999. Il nous explique comment il a vécu ces années charnières : « Avant nous il y avait plus de manifestations et plus de revendications. Nous on a travaillé sur des choses très concrètes : on a mis en place le premier programme d’évaluation des professeurs, on a travaillé sur l’accessibilité, les prêts-bourses, la construction du centre étudiant... Chaque époque reflétait les étudiants qui étaient là. Moi je suis arrivé juste après l’occupation de l’édifice Taillon. Par la suite, les choses ont changé, car l’économie était différente : il y avait une récession économique, le taux de chômage était important, donc les jeunes se préoccupaient davantage d’étudier, de bien se placer, d’avoir une formation qui puisse leur être utile. Je sentais qu’il y avait un changement et que l’époque des années 1970 arrivait à sa fin. Les jeunes réalisent que c’est un investissement qui en vaut la peine, car la formation universitaire ouvre des portes et assure la réussite. La société a évolué elle aussi. Je crois que l’époque est différente. Des mesures ont été adoptées et ont permis que l’endettement soit mieux géré aujourd’hui qu’il y a 30 ans ».
Cette présidence a donc été marquée par un changement de stratégie : la FÉUM souhaite alors coopérer davantage avec le gouvernement. Agir avec diplomatie, de manière polie; en somme, se faire l’allié des dirigeants plutôt que l’ennemi. La part du rêve a disparu au profit d’une meilleure organisation et d’un travail de recherche approfondi. La FÉÉCUM d’aujourd’hui n’est finalement que le reflet de la jeunesse actuelle : moins contestataire, sans folie, calme. Elle ne cherche plus à affronter le gouvernement, mais à le « sensibiliser ». Malheureusement, cette nouvelle tactique ne semble pas avoir plus permis d’inverser la courbe ascendante des coûts de scolarité et de faciliter l’accès à l’éducation. Nos élus étudiants comme l’ensemble de la population du campus ne doivent pas pour autant courber la tête. La fédération avait en effet semblé céder à la résignation, lorsqu’elle semblait envisager dans ses recommandations au gouvernement 2012-2013 une hausse des droits d’inscription en demandant « des droits de scolarité qui n’augmentent pas plus qu’au rythme du taux d’inflation ». Elle s’est finalement rétractée suite aux critiques, mais a tiré des leçons de l’épisode : garder en tête sa mission, quels que soient les moyens d’action choisis, celle de défendre les étudiants et d’être leur voix.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire