par Simon Delattre
Alexandre Levasseur, vice-président exécutif de la Fédération des étudiants et étudiantes du
Centre universitaire de Moncton, la FÉÉCUM, a entamé mercredi dernier une opération de
consultation publique sur le thème de « l’abordabilité » des études postsecondaires. Muni de
ses dossiers et avec de quoi prendre des notes, il s’était installé dans le local B-149 du Centre
étudiant, face au Coude, pour écouter parler les étudiants de leur définition de ce que sont des
«études abordables». Quiconque souhaiterait s’exprimer sur le sujet pourra encore le faire
cet après-midi (mercredi 13 entre 12 h et 16) ou demain entre 18 h et 21 h
Alexandre Levasseurnous explique sa démarche: «Je veux savoir ce que les étudiants
pensent et expliquer à mes successeurs ce vers quoi il faut aller. Il faut trouver une idée de ce
que seraient des frais de scolarité raisonnables dans une société idéale. Il faut établir une
définition assez large qui puisse perdurer face à la réalité sociale qui évolue». Son but est
donc de pouvoir indiquer au gouvernement quelles sont les revendications de la population
universitaire. Il regrette cependant que les étudiants ne se sentent suffisamment pas concernés.
En effet très peu d’entre eux se sont présentés spontanément pour participer à la discussion.
Premières pistes de réflexion
Malgré tout, les témoignages qu’il a pu recueillir lui ont permis de dégager plusieurs idées
récurrentes. Brunia Doiron est d’avis que les frais de scolarité doivent dépendre de la qualité
de l’éducation. «Il faut en avoir pour son argent», nous dit-elle. Elle ajoute qu’il faudrait
pouvoir payer l’université avec ce qu’on gagne pendant l’été, c’est-à-dire quatre mois de
salaire à 40 heures par semaine.
Simon Ouelette estime aussi que «si tu travailles un été au salaire minimum tu devrais
pouvoir te payer ton année. Tout le monde devrait pouvoir entrer à l’université peu importe
son revenu. L’éducation devrait donc être davantage subventionnée par l’impôt sur le
revenu.» Guyaume Boulianne affirme aussi qu’il faut «payer pour la qualité», mais que
«lorsqu’on a gradué on ne devrait pas avoir une dette supérieure au coût d’un an à
l’université ».
Karine Martel pense que les prêts devraient permettre d’aller au bout des études. La dette
raisonnable d’un finissant ne devrait pas s’élever à plus de 35 000 dollars, car il doit pouvoir
la rembourser en 5 ans avec le salaire moyen. Cela serait profitable à tous d’après elle, car
«un jeune sur le marché du travail qui ne fait que rembourser ses prêts ne fait pas rouler
l’économie ».
Zoé Gagnon, du conseil étudiant de travail social, affirme que la question a été abordée lors
de leur conseil d’administration: «Nous sommes globalement d’accord avec les
recommandations initiales de la FÉÉCUM, c’est dire que les droits de scolarités ne doivent
pas augmenter plus que le niveau de l’inflation. Si ça avait été le cas, ils seraient rendus à la
moitié de ce qu’ils sont aujourd’hui.» Mais elle demeure pessimiste sur la possibilité de
parvenir à cette situation: «Est-ce que le gouvernement conservateur et la population de la
Province sont prêts à payer davantage pour l’éducation? Je ne le pense pas »
Mickael Arsenault, étudiant en sciences politiques, pointe quant à lui du doigt le problème
que peut poser une telle définition: «Si les mots ne sont pas suffisamment précis, le
gouvernement risque d’utiliser la définition à son compte en l’interprétant comme il le
souhaite.» Il préfère donc envisager d’autres solutions, par exemple aider davantage les
étudiants à trouver un emploi d’été, notamment en repensant le rôle du Salon carrière, où il
n’y a selon lui que des opportunités pour des finissants ou des étudiants en administration. Il
explique finalement qu’investir dans l’éducation relève du choix de société, c’est-à-dire qu’il
faut demander un effort de la part de l’ensemble de la population.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire