L’état
de la mosquée en inquiète plusieurs
par Marie-Pier Cyr
Située dans le coin le plus
isolé du sous-sol de l’édifice Léopold Taillon, une bien petite salle est
convertie en une mosquée de fortune. Chaque vendredi, c’est la même histoire;
les manteaux sont empilés les uns par-dessus les autres, et les chaussures se
retrouvent pêle-mêle dans l’entrée. Depuis longtemps, le manque de place dans
la mosquée se fait cruellement ressentir par les disciples musulmans, les étudiants
et les membres de la communauté.
Une
situation alarmante
Chaque semaine, la mosquée
située au sous-sol de l’édifice Léopold Taillon reçoit près de 200 fidèles de
l’islam venus pour prier, et tous se retrouvent entassés dans un espace à peine
plus grand qu’une salle de classe. Il s’agit d’une bien petite salle, très
chaude et renfermée, dont l’atmosphère étroite vient souvent perturber les
prières des fidèles. Ce ne sont pas seulement les étudiants de l’Université
qui fréquentent la mosquée de façon hebdomadaire, mais aussi les professeurs,
les anciens étudiants ainsi que plusieurs membres de la communauté du Grand
Moncton et des environs. « C’est aussi une question de sécurité »,
nous indique Abdellatif Baoud, l’un des imams qui dirige les prières lors des
rassemblements religieux. On craint en effet qu’une salle remplie à pleine
capacité devienne un espace particulièrement dangereux lors d’une situation
d’urgence tel un incendie, où les disciples seraient forcés de quitter
précipitamment la salle. Alors qu’une sortie tranquille de la mosquée se fait
difficilement après la prière du vendredi, où tous se retrouvent à enfiler
leurs chaussures dans un couloir de quelques mètres carrés, on ne peut imaginer
le désordre ou bien encore le danger que cela pourrait poser dans une situation
d’urgence.
Plus encore, il existe un manque de services hygiéniques au sous-sol
de l’édifice Léopold Taillon, ce qui inquiète les représentants de la
mosquée : « Nous
n’avons même pas de toilette, or pour une mosquée les toilettes sont
nécessaires pour les ablutions », souligne l’un de ces représentants. Il
est à noter que l’ablution est une partie essentielle du rituel de purification
de l’eau avant la prière, et représente donc un besoin fondamental pour la
mosquée. Par ailleurs, la situation ne s’améliore pas d’avantage pour les
femmes pratiquantes – ces dernières possèdent leur propre espace séparé des
hommes lors de la prière, un espace qui s’avère tout aussi étroit. « Même
si la prière du vendredi n’est pas une obligation pour les femmes, je trouve
que nous aussi on a le droit de prier – donc, il nous faut de la place. Le peu
d’espace réservé pour notre prière est très étouffant quand la salle est très
pleine », témoigne Kadiatou Bah.
Un futur
incertain
Cependant, en parlant avec
l’imam Baoud et son collègue, on se rend compte que ces derniers sont attachés
à leur espace de prière, aussi petit soit-il. Selon eux, la mosquée des voisins
avec beaucoup de considération et qui respectent bien les pratiques des
musulmans. Il s’agit aussi d’un espace bien situé pour les étudiants
pratiquants de l’Université de Moncton, qui eux n’ont pas à aller trop loin
pour prier. Par contre, avec la nouvelle vague d’étudiants internationaux qui
arrivent sur le campus en janvier, dont on prévoit un certain nombre de
musulmans pratiquants, il est difficile de prédire l’avenir réservé à la
mosquée de l’Université de Moncton.
Joint par Le Front, l’Université de Moncton
n’était pas disponible pour évaluer la situation. Mais un suivi sera fait
prochainement avec l’administration pour savoir si l’Université prévoit des
démarches pour changer de local ou pour le faire agrandir. Affaire à suivre.
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