mercredi 4 avril 2012

Chronique : L’Université doit être prête à tout

par Marc-André LeBlanc

C’est dimanche matin, je suis assis devant ma fenêtre. Je contemple le soleil qui se couche à l’horizon de Cape Spear à Terre-Neuve. Par la fenêtre, j’entends Kevin Parent qui dit qu’il est un pigeon d’argile.

J’ouvre une autre fenêtre, et cette fois c’est un pigeon voyageur qui m’apporte un message disant qu’Yvon Fontaine a démissionné à titre de recteur et que Serge Rousselle va le remplacer. Ça me semble bien une fausse perche en ce premier jour d’avril. Malgré tout, je m’amuse en renvoyant le pigeon gazouilleur à mon tour.

Je ferme ce châssis pour en ouvrir un autre. Il semble qu’un test de français fait frémir les étudiants en éducation l’Université de Moncton. Est-ce qu’on en est vraiment rendus là?

Sur le coup, je réalise que ce sera la dernière chronique que je vais écrire pour Le Front. Je profite de l’occasion pour laisser un oiseau s’envoler et faire part de cette nostalgie au monde. Ces gazouillis ont été l’un des symboles marquants de mon passage au journal. Je prends également l’occasion de regarder les textes que j’ai écrits au fil des éditions du journal. Trois ans, six semestres, deux calepins de notes et des milliers de mots, certains mieux articulés que d’autres.

J’ouvre donc une petite toile blanche, commence à la noircir sur le ton paternaliste que me permet la chronique. La prochaine fois qu’on me donnera cette permission, j’aurai probablement approché l’âge de la retraite.

En regardant les trois dernières années, il semble qu’un tournant majeur s’est effectué à l’Université, du moins dans la couverture médiatique de celle-ci. Au début, les nouvelles nous venaient de la FÉÉCUM et étaient à l’image des affaires étudiantes. Un spectacle de la rentrée avec Zachary Richard qui avait couté très cher et des réunions interminables du conseil d’administration sont de bons exemples. En fait, certaines choses ne changent pas, genre les spectacles qui ne sont pas « Nycer » que les espoirs d’avoir une équipe de football à l’Université. Malgré tout, une grande majorité des éditions du Front de cette année ont fait place à des textes qui ont mis en vedette le deuxième étage de Taillon.

En fait, ce changement semble avoir commencé en 2010 avec l’histoire de la viabilité des programmes où l’institution voulait couper plusieurs disciplines considérées comme non rentables. La communauté acadienne s’était grandement élevée contre cette réforme et pour une première fois de mon expérience comme journaliste au Front, l’Université était loin d’être maître de ses communications et de sa gestion de crise. La situation était à un point où les professeurs sont tout simplement sortis en masse d’une consultation publique. Imaginez la scène: à tour de rôle, les profs se levaient et laissaient claquer derrière eux les bancs du R-221. Cette mitraillette est l’un des moments mémorables de mon passage à l’Université de Moncton.

Cette année, les choses n’ont pas nécessairement été plus faciles. Scandale au vice-rectorat qui aurait pu se terminer devant les tribunaux, Bernard Richard qui aurait dû être nommé recteur, une candidate au rectorat qui semble avoir un bras bien solide et, tout dernièrement, une bilingual university. En regardant par l’arrière, il est facile de voir que toutes ces histoires auraient pu être évitées avec une meilleure communication de l’Université et si celle-ci pouvait tout simplement avouer ses erreurs.

La mauvaise gestion de ses évènements déteint à chaque reprise sur l’image de l’Université qui en a pris un coup ces derniers temps. Tout cela, à la veille du lancement du cinquantième anniversaire de l’institution, et surtout de la nomination d’un nouveau recteur. La période est donc importante et symbolique. Que va donc rechercher le conseil des gouverneurs lorsqu’il va passer au vote dans un peu plus d’une semaine? Est-ce qu’il va préférer la candidate qui a principalement une expérience académique, ou privilégiera-t-il le candidat qui possède une expertise dans la gestion des mécanismes de la fonction publique?

En fait, pourquoi ne pas ajouter un troisième choix; ni l’un ni l’autre. Ce dernier choix n’est peut-être pas si distant que cela.

Si on se base sur le courant populaire, Théberge semble être le choix de plusieurs. Il est possible de croire que le comité de sélection abordera dans le même sens. Par contre, pas besoin de chercher loin dans les archives de l’Université pour se rappeler qu’il y a aussi le comité d’équité qui peut largement peser dans la balance. Comme le veut l’expression sportive, sur papier, Théberge n’est pas nécessairement plus qualifié que Berger et donc à cet égard, le comité d’équité pourrait favoriser Berger. Il serait donc possible que les deux recommandations reçues par le conseil des gouverneurs divergent l’une de l’autre. Si c’était le cas, quelle serait la position du conseil du gouverneur par rapport au poids du comité d’équité? Quel message est-ce que ça indiquerait au sujet de la nomination au poste de vice-recteur aux affaires étudiantes et internationales l’an dernier?

Tout cela n’est qu’une supposition, une supposition parmi tant d’autres. C’est le conseil des gouverneurs qui décidera le 14 avril si elle devient réalité ou non. Les gouverneurs ont entre leurs mains une décision qui va bel et bien dicter le futur et les orientations de notre institution pour la deuxième moitié du centenaire de l’Université de Moncton. Peu importe leur choix, ceux-ci doivent être prêts à l’assumer complètement, et l’Université pour sa part doit être capable de réagir à tout scénario.

C’est ainsi que l’encre arrête de couler. Avant de fermer la fenêtre, je soumets le tout à l’antidote qui m’a accompagné tout le long de mon séjour universitaire. Voilà, d’un simple mouvement du doigt, je fais disparaitre la toile maintenant noircie. Je vois immédiatement apparaitre la photo du fameux passage à piétons d’Abbey Road. Qui sait ce qu’il y a de l’autre côté?

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