mercredi 4 avril 2012

Une rivalité qui perd de l’importance

par Normand d’Entremont

Alors que les Sénateurs d’Ottawa ont surpris tout le monde en se qualifiant pour les séries éliminatoires et que les Canucks de Vancouver semblent prêts à prendre leur élan pour une chance à la finale de la Coupe Stanley encore une fois, les perspectives ailleurs au Canada ne sont pas si positives, surtout du côté de deux des plus importants marchés de la ligue.

Pour la première fois depuis la saison 1969-1970 – lorsqu’il n’y avait que 6 équipes par conférence – le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto pourraient finir en dernière position et avant-dernière position dans l’Association de l’Est. La seule autre fois où cela s’est produit est en 1925-1926 lorsque l’équipe de Toronto se nommait les Saint Patricks et que seulement 7 équipes faisaient partie de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Bref, c’est de l’incompétence jamais vue de la part de ces deux grandes équipes dans l’époque moderne.

Il ne faut pas vraiment rappeler que le Canadien a remporté le plus de Coupes (24), que les Leafs sont deuxièmes dans le compte de championnats (13), que Toronto est l’organisation qui vaut le plus (521 millions $) dans la LNH, que Montréal est la troisième (445 millions $) et que ce sont les deux équipes canadiennes qui font partie des six originales de la ligue. Et quelle équipe peut prétendre avoir des partisans plus passionnés que les Leafs et les Habs?

En d’autres mots, elles sont parmi les équipes les plus importantes de la ligue, sinon les deux plus importantes.

Pourtant, étant autrefois la grande rivalité du sport, l’antagonisme Toronto-Montréal perd de plus en plus d’importance. Les enjeux culturels et linguistiques qui avaient aidé à forger la rivalité sont aujourd’hui moins considérables qu’avant. Les deux équipes ne se sont pas rencontrées en séries depuis 1979. Et, pour la première fois depuis très longtemps, la dernière rencontre de l’année entre les deux équipes n’aura pas d’importance réelle si ce n’est que pour décider laquelle aura un meilleur choix au repêchage. Une rivalité perd son sens lorsque les équipes ne sont pas de véritables joueurs dans la course aux séries.

Malheureusement, ce ne sont pas simplement les joueurs et les partisans des Leafs et des Habs qui en souffrent, mais bien la ligue au complet. Les recettes économiques en souffrent, les cotes d’écoute en souffrent et l’intérêt général dans le sport en souffre. C’est ainsi primordial que ces deux équipes redeviennent pertinentes au classement.

Plus facile à dire qu’à faire.

Chacune a des morceaux utiles. Pour le Canadien, ce sont Carey Price, P.K. Subban et Max Pacioretty qui formeront le noyau pour l’avenir. À Toronto, Phil Kessel et Joffrey Lupul mènent l’attaque. Toutefois, il y a beaucoup de travail à faire de chaque côté. Montréal a déjà commencé sa restructuration en renvoyant Jacques Martin et Pierre Gauthier (ainsi que son adjoint Bob Gainey). Toronto a déjà remplacé son ancien entraineur Ron Wilson, et si les choses ne s’améliorent pas l’année prochaine, Brian Burke se fera surement montrer la porte.

À ce point ci, il faut prôner la patience. Mieux vaut attendre pour une équipe compétitive que de se presser et tomber dans un cycle de médiocrité éternelle. Toutefois, la patience est difficile à promouvoir à Montréal et à Toronto où les partisans ne veulent pas attendre.

Peut-être était-ce juste de la malchance? La dernière fois que le Tricolore a manqué les séries (2007), il s’est repris l’année suivante pour terminer au sommet de l’Association de l’Est. De leur côté, les Leafs ont démontré qu’ils étaient capables de jouer un hockey compétitif dans la première moitié de la saison avec une fiche de 28-19-6, seulement pour montrer un dossier de 6-17-3 depuis.

Est-ce que le Canadien peut reprendre ses esprits l'année prochaine comme il l’a fait en 2008? Est-ce que la vraie équipe des Leafs est celle de la première moitié de cette saison?

On ne peut que l’espérer pour le bienfait de la rivalité et de la LNH en général.

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