mercredi 4 avril 2012

Mali : Affrontements, frustrations et… Coup d’état

par Martin Savoie

Des affrontements entre les touaregs et l’armée malienne ont vite fait de prendre place, laissant le nord du pays dans le chaos. Pendant plusieurs semaines, les deux partis se sont affrontés, menant souvent à des bombardements faisant plus de mal aux civils qu’aux partis visés.

« Ce sont les civils qui sont les victimes principales de ces bombardements aveugles, » décriait Gaëtan Mootoo, chercheur d'Amnesty International sur l'Afrique de l'Ouest. « Au-delà des pertes humaines, ces bombardements ont décimé des dizaines de bovins, de chameaux et de chèvres qui constituent le moyen de subsistance des populations nomades touarègues. »

Il ajouta même, par voie de communiqué de presse, que la situation actuelle du Mali est « la pire crise des droits humains qu'ait connu le nord Mali depuis vingt ans. »

Face à une telle situation, ce sont par milliers que les habitats de cette région ont migré vers d’autres pays, tentant ainsi de fuir le conflit. Plusieurs se sont réfugiés dans les pays avoisinants, notamment le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, afin d’éviter un sort semblable à celui déjà subi par plusieurs de leur nation.

Un coup d’état pour éviter l’inévitable…

Il aura fallu un coup d’état militaire pour renverser le gouvernement du Mali. L’armée, qui jugeait les actions du gouvernement insuffisantes afin d’éviter que le pays ne soit divisé, a pris le contrôle du pays le 22 mars dernier.

L’annonce du renversement n’a pas tardé à avoir des répercussions au niveau national. L’ONU, entre autres, a exigé la réinstauration du gouvernement élu du pays le plus tôt possible. La Haut-commissaire des nations unies aux droits de l’homme, Navanethem Pillay, affirme, par voie de communiqué de presse, que « les changements anticonstitutionnels de gouvernement, accompagnés de violence, peuvent avoir un impact dévastateur sur la situation des droits de l'homme »

« Le Mali a également une bonne pratique en matière d'élections démocratiques au cours des deux dernières décennies, et j'espère qu'il reviendra sur cette voie dès que possible, » ajoute-t-elle.

Dès que l’armée a pris le contrôle, plusieurs décisions ont été prises par cette dernière : dissolution des institutions, suspension de la constitution et instauration d’un couvre-feu national. Depuis, face aux pressions internationales, l’armée a réinstauré la constitution en plus des institutions. Les forces militaires maliennes ont aussi déclaré qu’un gouvernement de transition serait mis en place en attendant d’éventuelles élections, mais n’a donné aucune indication quant aux dates possibles de ces mesures.

Le renversement, toutefois, n’a pas empêché les troupes rebelles du nord de prendre le contrôle de plusieurs villes, chose que l’armée voulait éviter à tout prix. En plus d’avoir pris le contrôle de la ville de Tombouctou, les forces rebelles ont récemment mis la main sur la ville de Gao, l’une des capitales régionales du nord du Mali. Cette récente conquête confirme l’emprise des forces rebelles sur la quasi-totalité du nord.

En très peu de temps, les forces rebelles touaregs ont monté en puissance au Mali. Face à une telle situation, quelle sera la réaction internationale afin d’aider les citoyens d’un pays qui semble sombrer dans le chaos?

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