jeudi 14 février 2013

Antidépresseurs plus prescrits que la pilule contraceptive

par Catherine Dumas

Depuis les 10 dernières années, une tendance se fait sentir à travers les universités
canadiennes. Les nombres de prescriptions d’antidépresseur et de somnifère auraient
dépassé les nombres de celle de la pilule contraceptive.

L’Université de Moncton n’est pas très différente des autres universités canadiennes,
mais il n’est pas clair si elle suit la tendance; la santé mentale étant toujours un sujet un
peu tabou. L’AUCC, l’Association des universités et collèges du Canada, a fait des
sondages dans les grandes universités canadiennes et a découvert que 34% des
participants ont avoué avoir été si déprimés qu’ils avaient de la difficulté à fonctionner.
C’est pourquoi, en décembre, l’AUCC a mis en place un groupe de travail dirigé par le
recteur de l’Université Mount Allison, Robert Campbell, afin de s’interroger sur le rôle
éventuel des universités en matière de santé mentale et trouver des manières d’aider
ceux-ci à composer avec cette problématique.

Stratégie de l’Université ou Stratégie provinciale
Les étudiants de l’Université de Moncton ne sont pas complètement à l’écart de cette
tendance. Léoline Hétu, infirmière du campus de Moncton, affirme qu’il n’y a pas une
hausse de prescription pour les antidépresseurs, mais plutôt une augmentation de
consultation: «Les gens viennent plus demander de l’aide». Elle précise qu’avant de
prescrire des antidépresseurs il y a plusieurs démarches, dont la thérapie.

Marie-Linda Lord, Vice-rectrice aux affaires étudiantes et internationales,confirme les
dires de Mme Hétu : « oui, il y a une augmentation au niveau d’étudiants qui consultent,
puis chaque étudiant consulte plus qu’avant, c’est-à-dire passe plus de temps avec le
psychologue qu’avant». Les statistiques du service de psychologie indiquent que de
2008-2009 à 2011-2012, le nombre de consultations pour chaque étudiant sur un total de
262 d’entre eux a augmenté de 2,24 à 3,93 consultations.

C'est pourquoi l’Université de Moncton s’était déjà mise au travail en présentant à la
direction une proposition pour le développement d’une stratégie en santé mentale. Par
contre, elle a dû arrêter le projet lorsque le gouvernement a décidé de prendre en charge
cette problématique. «La province a bien compris que les établissements allaient
préparer leur propre stratégie et faire des demandes à celle-ci, mais finalement le
gouvernement a été très proactif », affirme Mme Lord.

Pourquoi une augmentation?
L’augmentation du nombre de consultations peut être liée à plusieurs facteurs, explique
Mme Lord : « La dette étudiante est une source de stress, mais ce n’est pas ça qui le fait
augmenter, c’est la société dans laquelle on vit. Les jeunes sont moins préparés qu’avant
à faire face au stress. Il y a multiples facteurs qui expliquent cette hausse. Il y a des
raisons sociétales, des raisons individuelles, des raisons familiales, mais la société on ne
peut pas l’enlever de tout le contexte ».

De plus, il est difficile de comparer s’il y a eu une véritable augmentation en raison des
changements causés par la société et l’évolution de la technologie: «on diagnostique
mieux qu’avant, on a plus d’outils, on met le nom sur les choses, puis on va chercher de
l’aide beaucoup plus qu’avant », témoigne la vice-rectrice. Aussi, grâce à l’assurance que
les étudiants ont avec l’école, les services sont plus abordables qu’avant.

C’est le 28 février prochain, à Fredericton, que la rencontre des établissements scolaires
avec la province aura lieu afin de développer une stratégie provinciale sur la santé
mentale.

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