mercredi 14 mars 2012

Portrait : Michel Vital Blanchard

par Véronique Wade Gallien

Certains le décrivent comme un marginal, comme un activiste, un penseur ou un artiste. D’autres diront de lui qu’il est un grand sage. Et lui? Comment se voit-il?

On se souviendra de lui comme un des chefs charismatiques lors du réveil acadien à la fin des années 1960. Originaire de Caraquet, Monsieur Michel Vital Blanchard a fait ses études universitaires en sociologie, en philosophie et en musique, mais il prône d’abord et avant tout l’éducation à son état brut : l’interaction humaine et le partage.

Lorsqu’il était petit, sa mère tenait un salon de coiffure à la maison. C’est ce qui l’a plus influencé ou éveillé au monde qui l’entourait. Sa maison était pleine de vie, sa ville aussi. Il écoutait les histoires que les femmes racontaient, en anglais, pour éviter qu’il ne comprenne quoi que ce soit – raison pour laquelle il a appris l’anglais très rapidement, voulant tout comprendre du monde qui l’entourait – et dit que sa seule particularité c’est d’avoir entendu dans sa jeunesse le contraire de ce qu’on vit en public. Sa mère, Mathilda Blanchard, a été surnommée la pasionaria acadienne, à cause de sa verve et de son désir de justice sociale. Elle était une grande militante des droits des travailleurs et reconnue de ses pairs. Gageons qu’elle a été une source d’inspiration pour son fils qui du même souffle a contribué à alimenter plusieurs causes dont celle du bilinguisme à Moncton, voire en Acadie. Suite aux manifestations et à l’occupation pacifique de l’Université de Moncton à la fin des années soixante, lui et une trentaine de ses confrères étudiants se sont vus interdire l’accès au campus. Il a dû attendre quarante ans pour que la cour lève l’injonction (en mai 2009). Bien entendu, il était heureux de pouvoir tourner la page.

Frais de scolarité… un gouffre sans fin
Avec la grève étudiante qui bat son plein au Québec, on a souvent l’impression qu’ils sont plus chanceux qu’ici, car au Nouveau-Brunswick les frais de scolarité pour les étudiants sont beaucoup plus élevés : monsieur Blanchard répond « C’est parce qu’ils chialent qu’ils ont la bouche pleine ». Il reconnait qu’au Québec, il y a encore des structures et des partis politiques qui permettent aux gens de prendre position et qui leur donnent la parole. « Les jeunes sortent de l’université avec cinquante, soixante quinze miles dollars de dettes, additionnés avec celles de leur conjoint qui en a autant, ils ne peuvent même plus emprunter pour s’acheter une maison, ils sont pognés à la gorge ».

Un appel à la vie
Il aimerait voir les parents libérés du travail, car on le sait, être parent à la maison n’est pas nécessairement ce qu’il y a de plus facile puisque le poids économique ne repose que sur une personne « Nos parents n’étaient pas industrialisés, il y avait une vie partout, la vie ne semble plus exister, ils sont tous partis au travail et le soir, les travailleurs épuisés s’en vont décompresser devant la télévision ». Michel Vital Blanchard se démarque par sa curiosité et sa grande culture générale. Il ne se lasse pas de partager et d’interagir avec l’autre. C’est ce qui rend les discussions encore plus intéressantes, il a réponse à tout ou presque, car qu’on se le dise, il est très humble. Michel Vital, c’est un visionnaire; il l’a toujours été et le sera probablement toujours. On pourrait croire qu’il est un livre ouvert parce qu’il aime parler, raconter, analyser le tableau complexe que peut être la vie, mais ce gentleman garde sa touche mystérieuse. Quand on lui demande comment il se décrit, il répond par une question simple : pourquoi doit-on s’étiqueter? Il fait remarquer qu’à une certaine époque on demandait aux gens qui ils étaient et non ce qu’ils étaient. Il ne s’est jamais considéré comme un politicien, mais il sait transmettre un message. Il a développé une panoplie de projets qui méritent d’être lus, vus et entendus. Il compte plusieurs projets d’écriture en théâtre et en chanson. Il y parle de liberté, de solidarité, de vie, de paix et de renouveau. Il travaille présentement sur un troisième album avec ses collaborateurs et amis. Pour Michel Vital, créer c’est important et créer en groupe l’est encore plus. Chez Michel Vital Blanchard c’est un véritable nid d’artistes : il se dit très reconnaissant et se sent riche lorsque dans son salon des musiciens extraordinaires se laissent aller sur la vague de leur passion qu’est la musique. Il a sans conteste une vie remplie de vie.

1 commentaire:

Journaliste, blogueur et administrateur spécialisé en économie numérique a dit...

Félicitations pour votre texte sur Michel Blanchard. Aussi, je me permet de vous transmettre la référence d'une caricature et un texte de Michel Blanchard et Herménégilde Chiasson sur le voyage de 4 acadiens en France, membre de l'Ordre de Jacques Cartier, intitulé sous Le nez de la pitié, publié dans le Journal étudiant L'Insecte, le 26 janvier 1968.
Gilles Couture, Québec, le 8 juillet 2014



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