mercredi 28 mars 2012

Université of Moncton?

par Marc-André LeBlanc

« Il y a certainement chez certains gouverneurs une incompréhension de ce qu’est la mission l’Université et son rôle particulier en milieu minoritaire, et ça c’est inquiétant. » Voilà ce qu’affirmait la semaine dernière Michel Doucet en entrevue au Front au sujet du fait que des discussions ont eu lieu lors d’une rencontre du Conseil des gouverneurs dans le but d’avoir plus de programmes bilingues à l’Université de Moncton et ainsi contrer le déclin démographique.

Ces propos du professeur à la faculté de droit et directeur de l'Observatoire international des droits linguistiques font écho à une lettre envoyée aux médias par ce dernier et son collègue le professeur Serge Rousselle la semaine dernière.

Ceux-ci dénoncent le fait que selon le procès-verbal de la rencontre du Conseil des gouverneurs du 17 septembre 2011 il est inscrit qu’« un gouverneur demande si l’Université de Moncton considère le développement de programmes bilingues pour assurer sa pérennité ». Par la suite, l’Université d’Ottawa et l’Université McGill sont citées comme exemple d’institution qui offre des alternatives du genre.

Par contre, la Charte de l’Université et la Charte des droits et libertés canadienne ne permettent pas à Moncton de changer sa vocation linguistique. « Ce qui nous avait frappés, c’est que personne au Conseil des gouverneurs n’avait préciser que c’est quelque chose qu’on ne pouvait pas faire, en tant que gouverneur, en tant qu’université, en tant qu’institution, » continue Michel Doucet.

Pour ce qui en est de l’Université, l’administration explique que le procès-verbal de la rencontre est tout simplement un résumé incomplet des propos tenus lors de la rencontre.

« Ce qui n’apparait pas au procès verbal, c’est qu’il y a eu une intervention assez catégorique de la part du recteur qui a rappelé la mission et le mandat de l’Université », affirme la vice-rectrice aux affaires étudiantes et internationales, Marie-Linda Lord, au sujet des discussions lors de la rencontre du Conseil des gouverneurs. Celle-ci renchérit également en affirmant que le président du Conseil, André Richard, aurait abordé le point dans le même sens.

Par contre, aucune mention de ces commentaires n’est faite dans le procès-verbal qui a été adopté par le Conseil à sa dernière rencontre. « On aurait eu l’occasion de corriger cette erreur-là à la dernière rencontre du conseil des gouverneurs », explique Michel Doucet en précisant que les procès-verbaux sont les archives de la gouvernance de l’Université. « Les gens qui vont regarder les documents dans 10, 15 ans d’ici, ce qu’ils vont voir, c’est ce qui est écrit, et non ce qui a été dit lors de la réunion. Pour moi, c’est important qu’on ne sème pas la confusion et qu’on soit clairs en ce qui a trait à la mission de l’Université. »

Selon Marie-Linda Lord, l’enjeu sera soulevé pendant la prochaine rencontre du conseil des gouverneurs et des correctifs pourraient toujours être apportés au procès-verbal de la réunion de septembre.

À la suite de cette discussion controversée en septembre, le Conseil des gouverneurs a voté pour former un comité qui « jette un regard sur des pistes de solution que l’Université de Moncton pourrait envisager pour faire face au déclin démographique. » Malgré ce qui aurait pu être compris des propos de Thérèse Thériault, la directrice des communications de l’Université, au Téléjournal Acadie du 22 mars, le comité n'étudiera pas la question d’avoir des programmes en anglais ou encore bilingues. « Ce n’est pas sur la table en ce moment, ça je peux vous le dire. Absolument pas », affirme Marie-Linda Lord.

Celle-ci laisse par contre entendre que le comité pourrait notamment proposer de se tourner vers l’immersion pour augmenter le nombre d’étudiants. En ce moment, l’Université accueille seulement des étudiants qui ont déjà une formation en immersion et donc n’offre pas de programmes pour des étudiants qui voudraient commencer leur immersion au niveau universitaire comme le font d’autres instituions universitaires francophones au pays. Au dire de la vice-rectrice, l’ouverture vers « le segment de marché de l'immersion » devrait être une des approches présentées dans le rapport du comité, ce au côté de stratégies sur le recrutement en province, à travers la francophonie canadienne et à l’international.

La prochaine rencontre du Conseil des gouverneurs est prévue pour le 14 avril. C’est pendant cette même rencontre que le Conseil devrait nommer le remplaçant d’Yvon Fontaine au poste de recteur.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bravo pour le bel article informatif. Enfin! Je vous félicite de faire preuve d'objectivité, de questionner et de relater les propos des deux côtés sans faire de censure biaisée et sans se laisser emporter par des émotions, contrairement à certains médias et journalistes de la région. Le parti pris ne devrait jamais avoir sa place dans nos médias et bien souvent, c'est malheureusement le cas. Encore une fois, bravo!