mercredi 16 novembre 2011

Le « Remembrance Party » sème la controverse

par Rémi Frenette

La célébration du jour du Souvenir avec un « Remembrance Party » au bar Le Rouge a suscité de vives réactions au campus Moncton, allant même jusqu’à la déposition d’une plainte par un étudiant outré. L’événement était organisé par le conseil de l’éducation permanente (MBA), un sous-conseil de la Faculté d’Administration.

Le thème de la soirée s’appuyait explicitement sur l’Armistice. L’affiche officielle expose le titre de l’événement avec un gros coquelicot rouge. En dessous sont énoncés les organisateurs (MBA) et les DJs. En bas à gauche, on annonce les spéciaux de la soirée. L’arrière-plan est une photo teintée rouge de soldats durant la Première Guerre mondiale.

La publicité s’est principalement faite dans les médias sociaux. D’ailleurs, la FEECUM et le conseil étudiant de la Faculté d’Administration n’étaient pas au courant de l’événement avant la semaine de l’Armistice. C’est ce qu’ont confié au Front Ghislain LeBlanc, président de la FEECUM, et Marco LeBlanc, v.-p. des relations publiques du conseil d’Administration.

La Faculté des Arts et des Sciences sociales était particulièrement agitée après que la nouvelle soit sortie. Le Front s’est entretenu avec Karina Langis, v.-p. externe du conseil étudiant des Arts, qui a recueilli les impressions d’étudiants et de son conseil :

« Du côté de mon conseil, premièrement, on ne pense pas que c’était volontaire [le manque de respect]. On pense que c’était plus un manque de compréhension culturelle [de la part de MBA]. Mais c’est sûr que plusieurs étudiants ont un attachement au jour du Souvenir, même plusieurs étudiants qui sont dans les forces [armées]. »

Langis confirme que le sujet en a fait jaser plusieurs et que des étudiants ont dénoncé cette soirée comme un manque de respect aux soldats tombés sur le champ de bataille. La v.-p. externe reconnait aussi une différence entre fêter au jour du Souvenir et utiliser le symbolisme de la journée comme instrument de markéting. Le problème résiderait donc, en partie du moins, dans la thématique de l’événement et non dans le fait qu’un party avait lieu le 11 novembre.

Un étudiant des forces militaires s’est plaint à la Faculté d’Administration et à la FEECUM afin que soit reconsidérées la mise en œuvre et la thématique de la soirée. Sa plainte n’a pas été traitée. Approchée deux ou trois jours avant le 11 novembre, la FEECUM ne s’est pas positionnée. Aux dires du président, son comité exécutif et le C. A. n’ont pas eu l’occasion d’aborder le sujet. Malgré cela, Ghislain LeBlanc émet son opinion :

« Les événements du jour du Souvenir sont souvent marqués par un moment de silence. Je pense que les organisateurs ont manqué de jugement quant au thème de la soirée. [L’étudiant qui a porté plainte] fait partie des forces militaires et il tient à cœur le jour du Souvenir, pour des raisons très évidentes et compréhensibles. Lorsqu’on utilise ça comme une excuse pour célébrer … Je ne sais pas si avoir une photo des soldats de la première guerre mondiale sur une affiche de party est la chose la plus sensible à faire. »

La plainte s’est également rendue au conseil étudiant d’Administration sans toutefois y être déposée officiellement. Comme pour la FEECUM, ce conseil a été pris au dépourvue et n’a pas été en mesure de se positionner. Marco LeBlanc soutient que MBA a agis de façon complètement autonome en planifiant le « Remembrance Party » et que le conseil d’Administration ne peut pas répondre en leur nom.

Le Front n’a pas réussi à rejoindre les membres du conseil MBA.

Ce n’est pas la première fois que la commémoration du jour de l’Armistice sème la discorde. Bien que la plupart des gens reconnaissent la valeur et l’importance symbolique de la journée, il ne semble pas y avoir de consensus quant à la façon de commémorer.

L’an dernier par exemple, la Légion royale canadienne dénonçait une campagne de coquelicots blancs menée par un groupe pacifiste de l’Île-du-Prince-Édouard. Plutôt que de commémorer avec le coquelicot rouge les soldats canadiens morts au combat, le coquelicot blanc exprime un désir de mettre fin aux combats armés en honorant les victimes de toutes les guerres, principalement les morts civiles. Perçu par certains comme un affront aux soldats morts et au jour du Souvenir, le coquelicot blanc est réapparu cette année un peu partout au Canada, notamment au Québec.

Les controverses du « Remembrance Party » et du coquelicot blanc sont des rappels de la sensibilité de l’événement. Ce sont des indicateurs de l’importance qu’accordent les Canadiens aux thèmes de l’Armistice et de la guerre mais aussi de divisions idéologiques au sein d’un même pays. Il semble presque inévitable que des conflits moraux et culturels émergent d’une journée aussi symbolique.

Chose certaine, c’est que plusieurs étudiants se souviendront du « Remembrance Party ».

3 commentaires:

Allah a dit...

MBA, vous avez toutefois raté une autre occasion en or de célébrer la mort de milliers de personnes. Dire que vous avez oubliez de faire un party 9/11 en septembre !

Pour des gens aux études supérieures, il faut se demander si la conscience culturel fait parti de votre baggage de connaissance. Bravo!

La profondeur du lac Jones a dit...

Il me semble que le degré de crétinisme des pub de party étudiants est en augmentation exponentiel depuis un certain temps. J'appuie la frustration de l'étudiant membre de l'armée.

Le thème est imbécile et frustrant, digne d'un attardé en marketing, surtout pour ce jour de commémoration.

De plus: l'affiche est surtout en anglais. Est-ce qu'il va falloir que l'on fasse signer aux conseils une loi d'affichage? Les francophones de cette ville font tout pour avoir un minimum en question d'affichage, puis la un conseil de NOTRE UNIVERSITÉ garoche des affiches qui seraient bien approuvés "bilingue" par l'anglo-society...

Anonyme a dit...

Ça va être quoi la prochaine affaire?

Il faut dénoncer, montrer le mécontentement, whatever, faut que ça se sache que des événements comme ça ne devraient pas être sujets à n'importe quoi.