mercredi 16 novembre 2011

Nous sommes occupés - Organiser la révolution mondiale à partir de son salon

par Anthony Doiron

Il est maintenant 16h30. Entre dans la salle, des jeunes et des moins jeune ; des étudiants, des professeurs, des infirmières ; des Canadiens, des Français, des Sénégalais. Tous sont animés d’un désir commun : celui de mieux comprendre la raison d’être des mouvements sociaux de l’heure.

Il faut dire qu’ils sont au bon endroit. Cette table ronde intitulée « Des révoltes des peuples arabes au mouvement social mondial » semble nous en mettre la puce à l’oreille.

Le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les cultures en contact (GRICC) est à l’origine de cet atelier-débat. Devant nous, à une table prudemment habillée d’un drap bleu en polyéthylène, siègent 4 individus. Marie-Nöelle Ryan, professeure au département de philosophie et sciences religieuses ; Katarina McEvoy, étudiante en dernière année du baccalauréat en information-communication et membre organisateur du mouvement Occupy Moncton ; Leyla Sall, professeur au département de sociologie ; et Christophe Traisnel, professeur au département de science politique.

« On voit que notre démocratie ne recherche plus l’intérêt général. Notre paysage politique ressemble plutôt à une oligarchie politico-économique », avance Mlle McEvoy, «…la démocratie est devenue tellement malade, qu’il n’y a plus de place pour une pensée critique solide dans l’espace public ». Elle précise que les statistiques électorales canadiennes témoignent très bien de ce problème : « Les gens se sentent exclu de ce système […] ; c’est une apathie générale qui se manifeste de façon exponentielle lors de chaque élection au Canada ». Selon des informations retrouvées sur le site web de Statistique Canada, le taux de participation aux élections fédérales était de 64,7% en 2006 ; de 60, 9% en 2008 ; et de 58, 8% en 2011.

Des outils primordiaux
Pour sa part, M. Traisnel rappelle que les révolutions arabes n’auraient pas pu avoir lieu sans l’aide des médias sociaux. « L’essor technologique permet la réalisation d’un citoyen averti, beaucoup plus conscient de ce qui se passe. […] nous faisons face au début d’un cycle de révolte », dit-il. Il explique que la technologie offre aux gens révoltés un moyen de communication avec d’autres gens révoltés à l’échelle planétaire. Cela leur permet à la fois d’acquérir une certaine perspective au niveau des injustices perçues ainsi qu’une très grande facilité d’organisation pour manifester. Il soutient que le rapport de solidarité entre les mouvements occidentaux et arabes se situe au niveau d’une exacerbation commune face à la domination.

Bien qu’il soit encore trop tôt afin de déterminer les débouchés qu’auront ces luttes sociales, tous s’entendent pour dire que de réels changements verront le jour à la suite de celle-ci.

Aucun commentaire: