mercredi 9 novembre 2011

Lettre d'opinion

par Gavin Leitch

Enfin en situation majoritaire, il semble que le gouvernement Harper commence à dévoiler son attitude véritable envers la dualité linguistique. Tout récemment, plusieurs indices se sont manifestés par rapport à cette attitude. En tant qu’étudiant(e)s d’un important établissement d'enseignement francophone, il nous est imposé d’en faire la critique.

D'abord, on remarque l’embauche d’Angelo Persichilli au poste de directeur des communications au sein du bureau du Premier ministre en septembre dernier. Ancien éditorialiste avec le Toronto Star, M. Persichilli questionnait ouvertement et sans gêne le nombre de fonctionnaires d’expression française à Ottawa. Dans un article publié en 2010, M. Persichilli commente les effets néfastes des « aspirations culturelles égoïstes » du Québec sur le reste du pays. Il prétend également que les canadien(ne)s se plaignent de la surreprésentation des francophones à Ottawa. Nous devrions craindre le fait qu’un individu ayant de telles croyances soit maintenant la bouche et les oreilles du Premier ministre.

Peu après, on constate la décision du ministre des Affaires étrangères John Baird d’imprimer ses cartes professionnelles uniquement en anglais. En réponse aux nombreuses demandes de M. Baird de changer ses cartes pour des raisons esthétiques, le département a imprimé deux versions différentes, une uniquement en anglais et une autre uniquement en français, laissant l’endos des deux versions blanches. Cela démontre non seulement l’attitude du ministre Baird envers la culture bilingue du pays, mais sa décision de séparer les langues officielles sur ses cartes professionnelles a engendré des dépenses supplémentaires, lesquelles étaient déconseillées par le Conseil du trésor.

Enfin, encore plus récemment, les nominations d’un juge unilingue anglophone à la Cour Suprême du Canada et d’un vérificateur général du Canada également unilingue anglophone. Pour la première, la nomination du juge Moldaver au plus haut tribunal du pays constitue un recul pour les Canadiens francophones, surtout en tenant compte du fait qu’il pourvoit à un poste anciennement occupé par un juge bilingue. Pour la deuxième nomination, le choix de Michael Ferguson comme prochain vérificateur général du pays indique davantage le faible degré d’importance que le gouvernement actuel rattache au bilinguisme. M. Ferguson, anglophone unilingue, remplira un poste dans un domaine qui requiert une maîtrise des deux langues officielles pour interagir avec les fonctionnaires d’expression française malgré le fait que la description d’emploi prévoyait expressément que la compétence linguistique soit un critère essentiel à l’obtention du poste.

En somme, tout cela n’augure pas bien pour la culture bilingue du Canada et remet en cause les progrès des communautés francophones dans le combat pour assurer une représentation linguistique au sein de l’appareil étatique. L’avancement des droits linguistiques au Canada représente déjà un défi considérable, et ce, sans faire mention des reculs que le gouvernement actuel semble provoquer. Nous, étudiant(e)s et futurs acteurs d’expression française sur le marché du travail, ne devrions pas prendre cela à la légère.

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