mercredi 25 janvier 2012

Lille part two: l’accent

par Madeleine Arseneau

De retour pour un deuxième semestre en France. Après un départ plutôt pénible - on ne se le cachera pas, quand même - une arrivée festive de retrouvailles entre collègues, voisins et amis. Aussi, un nouveau questionnement envers la langue française ...

Mise en contexte: un classique. J’arrive mardi dernier dans une boulangerie ; premier « vrai » contact avec les français depuis mon retour («vrai » contact = je dois exposer mon accent français, qui n’est pas un accent français de France, vous comprenez ?). Et évidemment, ça me prend du temps à me réhabituer à l’accent français de là-bas, aux termes, etc. Donc, je commande et me fais comprendre, mais avec de drôles de regards, et je dois répéter et rectifier aussi.

Bon, vous vous dites: c’est normal. Mais qu’est-ce qui est normal là-dedans ? Quand on y pense, les francophones de France et les francophones d’Amérique parlent tous le français. On a tous les mêmes bases du français. On n’a pas la même histoire de la langue; c’est à dire que nous, on a gardé un parler de la langue française qui est un peu « ancien » puisque la langue française en France ne s’est fixée là-bas qu’après que nous, ici, en Acadie, au Québec et ailleurs au Canada, on s’est installés pour de bon. Donc, les différences sont normales.

Ok, les français parlent en phrases complètes. Ok, nous on a peut-être tendance à abréger et avoir des tournures de phrase « à l’américaine ». Mais pourquoi, chez nous, c’est cool d’avoir un accent particulier du français tandis qu’ici, c’est péjoratif au point où il faut complètement rectifier même si l’autre nous a bien compris ?

Vous penserez que c’est surement à cause de la structure hiérarchique de la France, et aussi parce que les minorités linguistiques ici sont très mal tolérées ; ce qui est vrai. Pourtant, je sens qu’il y a autre chose, des choses qui m’échappent et qui d’après moi, devraient être discutées entre francophones ; par exemple au Sommet de la Francophonie. Après l’avoir vécu, je pense bien que cet endroit n’exploite pas tout le potentiel qu’il pourrait y avoir entre leaders dans la Francophonie mondiale.

Peut-être y a-t-il un manque d’éducation ou de sensibilisation en France envers la francophonie mondiale ? Tiens, c’est drôle, ça me fait penser à un problème que nous avons en nos terres canadiennes, entre francophones dans le même pays ...

Je sais, je sais, vous allez me dire que je suis négative et tout ça ; que la France, c’est cool finalement. C’est vrai, je m’amuse énormément ! Surtout avec les étudiants internationaux ... Et, malheureusement, ce n’est pas le point de mon article.

Ce que je veux dire, c’est que, pour moi, l’important avec la langue française, c’est de saisir ce que l’autre veut communiquer et d’apprécier les différences. Partager et se comprendre, ce n’est pas ça, l’essentiel ? Pourquoi devoir se frustrer à trouver le terme juste ? C’est peut-être la précision, finalement, la beauté de la langue française ...

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