Il y a 10 ans presque jour pour jour qu’un article de
l’Acadie Nouvelle publié le 19 Août 2003 s’inquiétait déjà du niveau
d’endettement des étudiant(e)s néo-brunswickois(es). À l'époque (selon
Statistiques & Infos), l’étudiant dépensait, pour ses études chaque année,
environ 6 225$. Une décennie plus tard, les choses ne se sont pas
améliorées : au contraire, elles empirent.
D’après les chiffres publiés par le Gouvernement du
Nouveau-Brunswick, le Gouvernement du Canada et Statistique Canada, le niveau
moyen d’endettement en dernière année de Baccalauréat au Nouveau-Brunswick est de
35 000$. Puisque les prêts étudiants sont généralement remboursés au bout
de 10 ans, la dette plafonne 51000$ avec les intérêts, soit un ratio de
8 500$ emprunté chaque année. D’après Roger BOULAY (directeur des Services
aux étudiantes et étudiants), les 35 000$ peuvent être ramenés à
26 000$ à la condition que l’étudiant(e) ait terminé sa formation en
quatre ans. Sur dix étudiants inscrits à temps plein, huit sont amenés à
emprunter pour faire face aux frais de scolarité. Ainsi, entre 2003 et 2013,
les dépenses étudiantes liées aux études ont gonflé d’un peu plus de
2 000$.
Le logement n’est pas en reste. En moyenne, les étudiants
gagnent entre 10 500$ et 14 500$ par année au Nouveau-Brunswick.
Dans leur budget, ils doivent réserver plus de 20% de leurs revenus afin de
payer le logement et les autres services essentiels. En principe, l’étudiant
devrait payer en moyenne pour son logement entre 220$ à 300$ par mois. Les frais de résidence à l’Université de Moncton sont plus
élevés que les chambres louées hors campus. Pour l’année 2013-2014, les prix
des chambres varient entre 455$ et 657$. L’Université loue les chambres de
résidences à un prix plus élevé que l’extérieur. D’après Kevin Arseneau,
président en exercice de la FÉÉCUM, ces prix ont pour effet de pousser les
propriétaires à augmenter les prix.
Ce défi financier aurait des répercussions sur la santé
mentale des étudiant(e)s. Assomption-Vie et l’Association canadienne
s’inquiètent de la santé mentale des étudiant(e)s. Pour l’année 2012-2013, 609
réclamations des étudiant(e)s de l’Université de Moncton ont été enregistrées
pour des antidépresseurs. Les raisons fréquemment évoquées sont le stress,
l’angoisse et la dépression. D’après Roger BOULAY, le stress et les autres
problèmes peuvent être liés aux études, à la nouvelle vie d’adulte, puisque ce
problème de santé mentale n’est pas seulement néo-brunswickois, mais aussi
pan-canadien.
Les conséquences peuvent aussi être démographiques. En
effet, la dette moyenne d’un couple de diplômés est de 70 000$. Il va de
soi qu’après avoir terminer ses études, fonder une famille ne sera pas de suite
un objectif principal.
Face à cet état des choses, Kevin Arseneau dit :
« Je trouve que nous sommes sur une pente dangereuse. Pour ceux qui
réussissent à finir les études, le niveau d’endettement est incroyable. C’est
sûr que le modèle en place ne facilite pas la tâche à l’étudiant. » Pour
Roger BOULAY, « il est possible pour l’étudiant canadien n’ayant pas de
ressources de poursuivre des études supérieures. Le provincial et le fédéral
octroient des bourses. Les dites bourses ont été revues à la hausse : plus
de 1 000$ pour le provincial et un peu plus de 4 000$ pour le
fédéral. »
Qu’à cela ne tienne, Louis J. Robichaud, en mettant sur
pied son programme « Chances égales pour tous » et qui a contribué à
la fondation de l’Université de Moncton, ne pensait pas que les frais de
scolarité pouvaient atteindre un jour ce sommet. A ce jour, nul ne sait si un
programme anti-hausse a été mis en place par les instances dirigeantes pour
réduire un tant soit peu ces frais de scolarité.
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