jeudi 19 septembre 2013

Chronique musique : Steven Wilson : Le leader moderne du genre progressif


par Justin Frenette
Dans le monde de la musique, il est très rare mais il arrive tout de même parfois que certains groupes ou artistes se démarquent considérablement des autres groupes ou artistes de la même époque en terme d’innovation et d’originalité. Ce fut le cas avec les Beatles lors de leur phase psychédélique et en créant Sgt. Peppers, considéré par plusieurs comme étant le premier album concept. Ce fut également le cas avec King Crimson, Pink Floyd, Yes et bien d’autres groupes progressifs des années 70 qui ont amené la musique dans des territoires inconnus à l’époque, repoussant les limites imposées par la structure traditionnelle de la chanson et incluant des instruments auparavant jamais utilisés dans le rock. Et aujourd’hui, c’est sans aucun doute le cas pour Steven Wilson.

Si vous êtes moindrement un adepte de musique progressive, vous reconnaissez surement déjà ce nom. Auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentaliste et producteur musical, le moindre que l’on puisse dire c’est que cet homme n’a pas peur de travailller. Mais dans son cas, la quantité ne néglige nullement la qualité. Bien qu’il soit plus particulièrement reconnu comme étant chanteur et guitariste du groupe Porcupine Tree, Wilson s’adonne également à plusieurs collaborations et, depuis 2009, à une carrière solo. C’est en février 2013 qu’il sort son troisième album solo intitulé The Raven That Refused To Sing (and other stories) mixé par le célèbre Alan Parsons, notamment responsable du mixage de Dark Side of the Moon.

Avec son troisième opus solo, Wilson démontre une maturité musicale époustouflante. Rien n’est excessif, rien ne semble incohérent malgré les nombreuses directions que prennent certaines chansons, le tout semble calculé à la quasi-perfection. Bien que le jeune homme prenne de l’inspiration en partie de ses influences (Pink Floyd, King Crimson, ELP, etc.), il semble avoir trouvé un son qui lui est plus propre que jamais avec cet album. Chacune des 6 chansons de ce dernier se distingue considérablement l’une de l’autre mais l’album entier maintient une atmosphère mélancolique, unique en son genre et donne l’impression d’une entité plutôt que d’un ramassis de chansons.

Ma chanson coup de cœur de cet album est sans aucun doute The Holy Drinker. La chanson commence avec une mélodie quelque peu sinistre mais accrochante et monte en intensité de manière fulgurante avec des passages déchaînés de guitare, de clavier et de saxophone avant de nous laisser entendre les premières paroles : « The holy drinker and his curse, in constant serfage to unquenchable thirst…». En partant, Wilson décrit un homme religieux ayant un problème de consommation. Plus tard dans la chanson, on apprend qu’un jour l’homme se rend dans un bar et affronte un étranger en duel pour déterminer lequel pouvait consommer le plus. Ce que l’homme ne sait alors pas, c’est qu’il vient de lancer un duel au diable, et bien évidemment il perd son duel et devient prisonnier de l’enfer. D’après l’auteur, ces paroles ont été écrites de façon humoristique mais sur un fond musical très lourd, ce qui crée un contraste assez intéressant. Ce sont les dernières minutes de la chanson qui m’ont le plus agréablement surpris, celles-ci, débutant par 4 notes sombres et puissantes, jouées sur un orgue hautement distortionné. La séquence est ensuite accompagnée d’une mélodie que l’on croirait tout droit sortie des entrailles de l’enfer et supportée par des rythmes fracassants à la batterie. Un passage qui, en bon français, « pogne par les tripes » !

C’est sans aucune hésitation que j’accorde une note de 9/10 à cet album et que je vous le recommande fortement, chers mélomanes!

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