mercredi 3 avril 2013

Opinion d’une lectrice féministe: Le slut-shaming

par Marie Gautreau

Le slut-shaming est un terme anglais dont on parle encore peu au Canada et dans le reste du monde, mais le concept mérite d’être connu. Même si vous n’avez jamais entendu le mot auparavant, vous avez surement déjà rencontré le problème qu’il définit. Le slut-shaming, que l’on pourrait traduire par « stigmatisation des putes », consiste à rabaisser ou culpabiliser une femme à cause de son comportement sexuel, c'est-à-dire ses pratiques, son nombre de partenaires, ses vêtements jugés « provocants », etc.

Pourquoi arrêter le slut-shaming? Pour commencer, parce qu’il a plusieurs méfaits. Évidemment, il blesse les personnes qui en sont victimes. Il peut même faire des morts, comme cette jeune Américaine de quinze ans, Amanda Todd, qui s’est suicidée cette année. Selon les rumeurs, elle aurait trompé son petit ami et posté des photos de ses seins sur internet. Certaines personnes pensent qu’elle méritait de se faire intimider suite à ces gestes et qu’elle ne devrait pas recevoir autant de respect que les autres victimes d’abus qui se sont enlevé la vie. Le problème avec ce mode de pensée, c’est que personne ne mérite de se faire intimider et de mourir à cause d’un comportement sexuel que la société juge « inapproprié ». Cette façon de penser a également créé une culture qui considère les filles sexuellement actives comme des salopes, mais il est injuste d’insulter qui que ce soit de la sorte. La plupart du temps, les hommes ne sont pas dégradés lorsqu'ils ont plusieurs partenaires sexuels; au contraire, ils sont admirés par leurs amis.

Deuxièmement, le slut-shaming va même jusqu'à encourager le viol : si une femme a certains vêtements ou comportements, cela signifierait qu’elle ne peut pas dire non, puisqu’elle aime ça, puisqu’elle le cherche, etc. C'est ce qu'on appelle la « rape culture » ou « justification du viol ». Du coup, les filles veulent éviter d’avoir une réputation de salope de peur de se faire agresser, mais elles ne devraient pas avoir peur d’agir comme elles l’entendent.

Ensuite, le sexe est quelque chose de bien si nous en avons envie. Le viol est dû aux violeurs et à une culture violente, mais jamais provoqué par la victime. Le slut-shaming empêche les femmes de s’exprimer et objective leur corps. En effet, une femme ne choisit jamais d'être considérée comme un objet, c'est seulement dans les yeux des autres qu'elle en est un.
Finalement, nous avons tous intérêt à combattre le slut-shaming: les femmes, pour avoir la liberté de s’habiller et de se comporter comme elles l’entendent, mais aussi les hommes hétérosexuels s'ils veulent avoir une chance avec elles.

Alors, que faire pour combattre tous ces préjugés? Nous pouvons participer aux Slut Walks, un mouvement de rassemblement spécialement dirigé contre le viol. Toutefois, puisque cette initiative n’est pas accessible pour tous, il existe des solutions plus faciles. Par exemple, les « blagues » visant à humilier une femme en extrapolant sur sa sexualité entretiennent l’idée que le sexe est dégradant pour les femmes, alors ne participons pas à ce type d'humour. N'ayons pas peur d'être nous-mêmes et de le crier haut et fort. Souvenons-nous que les préjugés ne servent à rien de positif. Abstenons-nous de juger les gens sur leur sexualité et le monde, espérons-le, tournera un peu plus rond.

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