mercredi 20 mars 2013

Chronique de la RAT: Un passé à découvrir

par Sylvain Bérubé

La Saint-Patrick était dimanche et les bars de partout au pays débordaient de gens qui s’inventaient des origines irlandaises pour ne pas étudier! Bien que la Réforme acadienne traditionnelle cherche à se dissocier de plusieurs comportements associés aux célébrations de la Saint-Patrick, vous serez peut-être surpris d’apprendre que la RAT fête, elle aussi, à sa manière, la Saint-Patrick. Je vois vos yeux se crisper et vos sourcils se resserrer en confusion, mais pourquoi la RAT célèbre une fête principalement connue pour son héritage irlandais? Nous avons déjà mentionné dans une chronique antérieure que l’Acadie était principalement d’origine celtique, expliquant pourquoi nous étions reconnus comme une nation celte au Festival interceltique de Lorient toutes les années. Et rappelons-le, saint Patrick est d’abord un homme qui symbolise la conversion des peuples celtes au catholicisme. Ainsi, il serait intéressant d’explorer certains des traits communs aux peuples celtes, auxquels appartiennent les Irlandais et les Acadiens.

L’arrivée des premiers Acadiens à l’île Sainte-Croix plongea immédiatement ceux-ci dans un Nouveau Monde où les hivers étaient durs et les étés, courts. Mais heureusement, les Acadiens étaient des hommes (parce que les premiers voyages ne comportaient que des hommes) qui, comme leurs cousins celtes, connaissaient bien la terre. Cet amour pour la terre fit en sorte qu’ils ont facilement tissé des liens avec les populations autochtones, élément clé de la survivance des premiers acadiens. La légendaire résilience celte coule également dans le sang des Acadiens; comment expliquer la force qui permit à notre peuple de se retrouver après la Déportation? Pour ceux qui ne savent pas, les Celtes ont connu une longue histoire de grand dérangement, que l’on parle des guerres claniques, de l’invasion et de l’occupation romaine qui dura plus de 500 ans ou encore des invasions vikings qui débutèrent suite à la chute de l’Empire romain. L’habitude des invasions barbares explique peut-être la grande facilité des Acadiens à gérer les multiples successions de gouvernements dans la période 1604 – 1713.

Mais ce que nous avons surtout hérité des Celtes n’est nul autre que notre héritage musical. Si nous aimons danser et chanter au son du violon, c’est que notre pouls bat au tempo d’une bonne gigue traditionnelle. Les historiens ont tendances à négliger de parler de l’importance de l’art celte, qui était bien plus avancé que nous le pensons. On imagine souvent la Renaissance (la Renaissance européenne, à ne pas confondre avec la Renaissance acadienne) et l’Antiquité comme étant les grandes époques de productions culturelles. On associe à ces sociétés un certain niveau de sophistication que l’on oublie d’attribuer aux Celtes. En comparant l’art de ces sociétés, l’image s’inverse. L’Antiquité nous a donné d’impressionnantes œuvres réalistes, mais rien ne se compare à l’art surréaliste des Celtes. Les figures abstraites et les incroyables motifs renvoyaient à l’imaginaire et appelaient à la fusion du monde réel à celui des idées. Si l’art visuel est aussi développé en Acadie, peut-être est-ce en raison de notre sang celte?

J’aimerais terminer cette chronique pour vous informer que cette semaine les Rencontres France-Acadie débutent à Nantes, la RAT en collaboration avec la Société nationale de l’Acadie va oeuvrer fort au rapprochement de l’Acadie et des peuples gaulois, bretons et basques.

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