mercredi 20 mars 2013

Éditorial


par Danielle Bilodeau, Rédactrice en chef

Semaine provinciale de la fierté française
 Dès lundi et jusqu’à vendredi, les écoles de partout en province célèbrent leur fierté d’être francophone et de parler le français. En même temps, les Rendez-vous de la Francophonie se poursuivent jusqu’au 24 mars. Autant que je sois heureuse de voir que les gens sont toujours aussi fiers de leur langue ici au Nouveau-Brunswick, je trouve curieux d’observer qu’il n’y a pas, à ma connaissance, de semaine de fierté anglophone.

Vous me direz certainement que c’est parce qu’ils ne sont pas en danger d’assimilation, qu’ils n’ont pas besoin de s’identifier parce que leur langue n’est pas menacée. Mais les Anglais ne sont-ils pas eux aussi attachés à leur langue? Pourquoi est-ce que les Français ont le droit de manifester plus fortement leur fierté que les anglophones?

Dans un cours de linguistique la semaine dernière, un de mes camarades de classe expliquait comment il ne comprend pas cet « attachement » que les gens ont pour une langue. Il fait la remarque que les gens semblent seulement avoir une fierté importante pour une langue lorsque celle-ci est minoritaire ou menacée. C’est bien vrai! On veut défendre nos droits linguistiques et notre façon de parler. Mais est-ce que « défendre » est bien le bon mot ici? Est-ce que nous sommes vraiment en conflit avec une langue?

Qu’est-ce qu’une langue finalement? C’est un ensemble de symboles et une grammaire pour les mettre ensemble, tout simplement. Mais bien sûr, c’est beaucoup plus. On s’attache à notre langue parce que c’est une partie essentielle de notre culture. Il faut la protéger, certes, mais il ne faut pas par la même nous fermer aux autres langues.

L’anglais n’est pas l’ennemi
Il faut garder notre français. Sur ce point, je suis 100 % d’accord. Mais il ne faut pas non plus voir l’anglais comme une force négative. Ce n’est pas de la faute des anglophones qu’ils sont plus nombreux que nous. Comme ce n’est pas la faute des francophones du Québec qu’ils sont plus nombreux que les anglophones. La présence à la fois de l’anglais et du français dans notre entourage immédiat est un atout inestimable. Avoir l’opportunité de parler français et anglais nous ouvre des portes partout et nous avantage plus qu’on ne le pense.

Une affiche circulante sur Facebook cette semaine vous dit « Pourquoi parler français ». Une des raisons : « Le français facilite l’accès aux carrières de l’enseignement de la diplomatie, de la recherche et du voyage ». D’accord, mais l’anglais aussi permet tout ça sans doute. Autant que le mandarin ou le japonais ou l’espagnol. Quant à moi, le fait de parler à la fois l’anglais et le français seraient encore plus avantageux pour avoir accès à ces emplois.

Il n’y a pas de morale à cet éditorial. Plutôt, j’invite seulement à la réflexion par rapport à cette semaine de la fierté. Est-ce qu’il y aurait place dans le futur pour une semaine de fierté du bilinguisme? À suivre…

Aucun commentaire: