jeudi 28 mars 2013

Chronique étude : La nuit blanche

par Emily Briand

Avez-vous déjà vécu la nuit blanche? Il s’agit simplement de rester éveillé toute la nuit afin d’étudier pour un examen ou de terminer un projet. Pour un étudiant qui est trop débordé ou qui s’est pris plus à la dernière minute, cette pratique peut sembler être une bonne seule option. Par contre, le sommeil est très important pour la mémoire et en perdre à ce niveau n’est pas sans répercussions.

Le professeur Jean Saint-Aubin de l’École de psychologie explique son point de vue sur cette pratique : « Il y a plusieurs niveaux de réponses. La première chose, ça dépend de l’objectif. Est-ce que l’objectif est de maitriser contenu ou de réussir l’examen? À ce niveau-là, l’employeur, quand t’as ton diplôme, pense que t’as des compétences. Donc, normalement l’objectif de l’étudiant devrait être de maitriser le contenu à long terme. Ce qu’on sait, c’est indépendamment de la nuit blanche, on va proposer même que l’étudiant a une bonne nuit de sommeil la nuit avant l’examen, on sait qu’apprendre toute la matière dans un bloc, ça va entrainer une perte mémoire avec le temps qui est très très grande, qui est beaucoup plus grande que l’apprendre quand on divise la matière et qu’on a une nuit de sommeil entre chaque ».

Il continue pour décrire une expérience réalisée par des chercheurs en laboratoire qui avaient fait apprendre aux participants une liste de mots soit tout à un coup ou en petits blocs de temps. Le groupe qui avait appris les mots en intervalles courts avait une meilleure rétention à long terme. Malgré que la rétention à court terme se ressemble, ce n’est pas exactement avec de la matière compliquée, des listes de mots. Donc, l’expérience avait été refaite avec plusieurs listes de mots au lieu d’une seule liste. Ceux qui avaient appris les listes en intervalles avaient réussi beaucoup mieux que ceux qui avaient appris d’un seul coup et encore une fois, l’apprentissage s’était maintenu une semaine plus tard. Tout ceci, sans privation de sommeil.

« On sait également la nuit quand tu dors, ton cerveau est actif. Il va se produire plein de processus biochimiques dans le cerveau durant la nuit, qui vont permettre de consolider les apprentissages. Une des expériences sympathiques qui a été faite c’est, par exemple, ils ont demandé à des volontaires de jouer à Tétris durant la journée pendant 3 ou 4 heures, pendant qu’ils mesuraient l’activité de leur cerveau, ils se sont rendu compte que pendant la nuit, il y avait une activation similaire de leur cerveau comme s’il retraitait l’information. Si tu passes une nuit blanche, tu n’auras pas ce processus de consolidation là, ou en tout cas, ça serait après examen, qui n’est pas nécessairement l’objectif des étudiants », explique le professeur Saint-Aubin.

Il souligne également que le manque de sommeil est associé à de moins bonnes habiletés dans les tâches complexes et les tâches de raisonnement. De plus, la majorité des auteurs disent que les pertes de sommeil en général affectent la mémoire pendant de 1 à 2 semaines. Il conseille aux étudiants de s’assurer qu’ils maîtrisent bien le contenu qu’ils apprennent, étant donné que ce n’est pas pour l’examen, mais pour la vie. Il leur conseille également de distribuer leur apprentissage, car c’est la méthode la plus efficace, ne coûte rien et n’est pas plus de travail.

Finalement, la nuit blanche est déconseillée en raison de la mauvaise rétention à long terme, la réduction des habiletés des tâches complexes le lendemain et l’interférence chez les processus biochimiques du cerveau importants pour la mémoire.

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