jeudi 17 janvier 2013

La GRC en guerre contre la prostitution : une croisade vouée à l’échec ?

par Simon Delattre

Depuis plusieurs années déjà, le groupe des crimes de rue du Service régional de Codiac de la GRC (Gendarmerie royale du Canada) lutte contre la prostitution dans le Grand Moncton. Damien Thériault, agent de la GRC, explique pourquoi il s’est attaqué à ce phénomène : « La prostitution peut nuire au développement de certains quartiers car les gens hésitent à s’y installer parce qu’il y a ce type d’activités. C’est donc quelque chose de néfaste pour la communauté, or notre but est d’assister la communauté. » Pour mener à bien sa mission, l’unité dispose de plusieurs armes. Par exemple, elle organise, à dates régulières mais secrètes, des « opérations de couverture ». Elles consistent à envoyer des gendarmes sur les lieux où la prostitution se produit et les faire passer pour des prostitués ou pour des clients, afin d’arrêter tout individu qui demanderait ou proposerait une relation sexuelle contre rémunération.

En effet, l’infraction se situe dans le fait de faire la demande ou l’offre de services sexuels en échange d’argent ou de biens. Une relation sexuelle monnayée entre adultes consentants n’est pas illégale en tant que telle au Canada. Les policiers doivent être très prudents dans leur approche. Si l’un d’entre-eux sollicitait lui-même un individu pour le prendre en défaut, il pourrait alors se faire accuser en vertu de cette même loi. En 2012, six missions de la sorte ont été menées. Vingt-neuf personnes ont été arrêtées, parmi elles 24 clients et cinq prostitué(e)s. Les jugements seront rendus entre janvier et février. Damien Thériault précise que « la majorité des opérations de la GRC visent les clients car les personnes qui se livrent à la prostitution ont souvent un problème de toxicomanie. Ce sont déjà des victimes de la société, notre but ce n’est pas de les écraser davantage. » Depuis les deux dernières interpellations le groupe des crimes de rue a d’ailleurs changé sa stratégie en optant pour l’artillerie lourde. Pour renforcer la dissuasion, les noms des personnes sont désormais divulgués publiquement. « Personne ne veut voir son nom dans le journal associé à une affaire de prostitution », nous dit le gendarme.

Une victoire impossible ?
Le « plus vieux métier du monde » semble en tout cas résister à ces assauts répétés. Damien Thériault reconnaît que l’ampleur du commerce du sexe est restée stable depuis les dernières années. Il explique qu’ « après plusieurs opérations dans un même secteur, les personnes se déplacent ailleurs pour faire leurs affaires. ». Aujourd’hui concentré autour des rues Saint-Georges et Victoria, le travail de la GRC pour enrayer cette activité risque de ne faire que déplacer le problème. Leur ennemi trouvera toujours de nouvelles formes pour continuer à exister. En quelques clics il est possible de trouver des dizaines d’annonces en ligne de filles, jeunes le plus souvent, proposant explicitement des relations sexuelles rémunérées à Moncton. On peut y connaître le prix, et avoir une description détaillée de la personne ainsi que des photos. Dans ce cas-ci, toute la difficulté pour les forces de l’ordre est d’établir la juridiction concernée, car lorsque l’annonce a été postée sur le Web depuis une autre ville ce n’est alors plus au service de police de Moncton d’intervenir. De plus il existe actuellement un vide juridique autour d’Internet : S’agit-il d’un espace public au même titre que la rue ? La question n’est pas tranchée. Il n’est pas non plus facile pour la police de savoir sur quels sites les annonces sont placées. Elle ne cherche d’ailleurs même pas à enquêter sur Internet, et privilégie la prostitution plus visible. Cela est bien significatif de ce que le net a apporté : un accès plus rapide aux informations et aux services, une liberté accrue et une adaptation laborieuse de la loi face à cet espace peu régulé.

1 commentaire:

Amélie Jolie a dit...

Les lois sont hypocrite au pays. C'est pourquoi on demande la décriminalisation du travail du sexe. C'est dépenser beaucoup d'argent pour refuser de nous accorder des droits, du respect, de la sécurité et de la dignité. En passant l'argent on ne la vole pas, on a besoin de travailler comme tout le monde pour payé sont loyé, se loger et se nourrir. La narco prostitution est minime comparé au reste de l'industrie. Les travailleuses du sexe de la rue a Montréal c'est entre 4 et 5 % de tout l'industrie mais c'est souvent elle qui fait le plus jaser. Encore la honte de déverser sur nous. Pourtant on est un être humain qui à des rapport sexuelle avec un autre être humain. C'est l'argent qui dérange si j'ai bien compris. À Montréal à chaque fois qu'il y a eu répression, les problèmes et les filles restait plus longtemps sur la rue pour être capable de faire leur journée et ça indisposait encore plus les citoyens. ... Si internet est rapide... les gouvernement pour décriminaliser le travail du sexe, c'est vraiment au ralenti comme interface.