mercredi 17 octobre 2012

Chronique philosophique : Le bonheur existe-t-il encore?

par Gabriel Côté

« Tous désirent être heureux », voilà comment le Dalaï-Lama débute ses conférences, et en effet qui peut être en désaccord avec une telle idée ? Est-il même possible de vivre sans aucun désir d’être heureux? De ces questions, on peut sans crainte affirmer que le bonheur est une pierre angulaire pour la vie des individus. Néanmoins, il est fréquent de faire la connaissance d’individus qui n’ont en l’occurrence aucun symptôme de gens heureux. Ils vous diront qu’ils croulent sous les dettes, que leurs relations interpersonnelles sont loin d’être idéales, etc. Même vous, après introspection, avouerez que vous avez parfois de la difficulté à trouver du bonheur.

Dans une société de pressions médiatiques, économiques, sociales et au rythme de vie toujours plus rapide, la question du bonheur devient très importante. Désormais, on mesure quantitativement le bonheur par la mesure économique; est plus heureux celui qui possède le plus de moyens. Les industries – dirigées par l’esprit capitaliste — en sont venues à idéaliser une certaine image du bonheur comme étant une marchandise à obtenir. Nous investissons tout notre temps dans une course à la nouveauté en vue d’atteindre cedit bonheur, alors que paradoxalement tout le temps que nous investissons à travailler nous semble pénible; un état provisoire.

Pire encore! Lorsque nous avons finalement réuni l'argent ou remboursé un crédit, le produit en question est déjà obsolète et ne fait plus notre bonheur.

C’est justement là toute la question, à savoir l’objet de votre bonheur. La nouvelle voiture que vous venez de vous procurer se fait accidentellement heurter et soudainement cette même voiture qui était, il y a quelques minutes pour vous une source de joie est devenue un vecteur de frustrations et d’inquiétudes. Nous commençons à comprendre peu à peu que ce que nous considérons comme source de bonheur est très instable, voire nuisible. Bien que, l’attachement aux biens extérieurs et l’énergie que nous investissons dans les choses qui ne dépendent pas de notre volonté nous apportent fréquemment une certaine satisfaction, cette même satisfaction est si instable et éphémère qu’elle devient nuisible à notre quête de la quiétude. Nous hypothéquons le moment présent, qui regorge de situations subtiles profitables aux dépens d’une potentielle source de béatitude, qui peut s’avérer n’être qu’ « another brick in the wall ».

Une question devient alors prioritaire, à savoir où peut se trouver le bonheur dans une société de consommation comme la nôtre. La réponse est simple, pas ailleurs qu’en vous-même. En effet, contentez-vous de vous-même et logiquement vous ne pourrez jamais être déçu. N’accordez qu’une importance raisonnable aux choses et personnes extérieures à vous, ou comme le disait le philosophe Stoïcien Épictète : « Si tu embrasses ta femme ou ton enfant, dis-toi : “J’embrasse un mortel” », et tu ne seras jamais malheureux. Certains vont me rétorquer que c’est une réponse simpliste digne des pseudomotivateurs. D’autres que c’est une façon de vivre trop radicale et impossible. Je réponds ceci, que cet art de vivre devrait être un idéal pour tous et que c’est en l’appliquant peu à peu sur de petites choses que vous parviendrez à une certaine quiétude. Commencez par agir en conformité avec vos principes et exercez-vous à briser vos mauvaises habitudes, et vous n’aurez plus de difficulté à vous rendre heureux. Ne craignez pas les maux physiques, ils ne sont que provisoires et gardez toujours en tête que le plus pauvre est souvent le plus riche.

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