mercredi 24 octobre 2012

Chronique scientifique : Vers une pénurie de l’or noir?

par Roby Gauthier

Saviez-vous que si l'on empilait tous les barils de pétrole consommés par jour mondialement, le sommet atteindrait une hauteur 72 000 kilomètres? À titre de comparaison, Felix Baumgartner, le nouveau détenteur du record du monde du plus haut saut en parachute, a sauté à seulement 39 kilomètres de hauteur! En d’autres mots, nous consommons plus de 14,3 milliards de litres de pétrole par jour. Il n’est pas étonnant qu’aujourd’hui on commence à s’inquiéter de la possibilité d’une pénurie.

En effet, selon plusieurs recherches effectuées par des géologues, des organismes et des entreprises, pendant le présent siècle cette ressource primordiale atteindra son maximum de production. Ce sera alors le moment où l’être humain ne pourra plus jamais produire autant de pétrole sur Terre. On appelle ce phénomène le « pic pétrolier ». Cette époque sera alors le début d’innombrables problèmes, dont très probablement une crise économique majeure, due au fait que la production de pétrole en baisse ne pourra plus satisfaire la demande mondiale toujours croissante.

Aujourd’hui le pétrole est indispensable. Il est l’élément clé à la production de la gazoline qui fait avancer nos voitures, à la fabrication de matières plastiques, de médicaments, de textiles et de caoutchoucs synthétiques, etc. Du côté de l’énergie, en 2007, le pétrole représentait un tiers des productions énergétiques mondiales et les autres combustibles fossiles y représentaient plus de 45 % (BP, Statistical Review 2007; Agence internationale de l’énergie (AIE), Rapport 2007). Sans parler que le pétrole est, encore en 2012, la source énergétique la plus utilisée. Comme l’affirme Adolphe Nicolas dans son livre Énergies : une pénurie au secours du climat? (2011), le pétrole constitue « le sang » de notre société. Sans lui, la vie est impossible… à moins d’un substitut.

Ce pic est pour quand, me demanderez-vous? Plusieurs ont tenté de le prévoir à l’aide de divers modèles mathématiques qui prennent en compte différents paramètres. Premièrement, il a été admis par le Energie Watch Group (EWG) et l’AIE que la production de pétrole conventionnel a atteint son pic pétrolier en 2006. Maintenant, en considérant la production de pétrole non conventionnelle venant de sables bitumineux, de pétrole lourd, de schistes bitumineux, ou de forages en conditions extrêmes, les résultats pour l’année du pic pétrolier vont de 2020 à 2060, dépendant des facteurs considérés par ceux qui ont effectué la recherche. L'Organization of the Petroleum Exporting Countries (OPEC) prévoyait en 2006 le pic pétrolier pour l’année 2020, tandis qu’à la même année, la compagnie Exxon Mobil prévoyait un plateau de production entre 2030 et 2050, puis une diminution par la suite. De plus, même si on trouve de nouveaux champs de pétrole, depuis 1960 on en trouve de moins en moins dans le monde et ils sont de plus en plus petits, preuve qu’ils se raréfient.

Un optimiste pourrait affirmer rapidement que si nous atteignons un maximum de production, ceci devrait signifier que nous avons consommé environ la moitié des réserves de pétrole. Par contre, ceci est sans considérer le fait que les champs pétroliers qu’on découvre et les sources de pétrole non conventionnel qu’on utilise de plus en plus contiennent du pétrole beaucoup plus difficile à extraire que dans le passé. Ainsi, nous devons utiliser beaucoup plus d’énergie pour extraire… une source d’énergie. Ce qui réduit alors le rendement énergétique et économique du pétrole. Ainsi, en anticipant l’énergie pour extraire le pétrole à l’avenir, selon l’auteur Adolphe Nicolas (2011), nous aurons consommé au pic plus de 73 % des réserves!

En résumé, pouvons-nous dire que la fin de l’humanité approche? Non, nous devrions plutôt nous convaincre que ceci est l’occasion de rediriger notre économie de façon plus intelligente vers des sources énergétiques et des matières premières écologiques. Le problème avec ces sources d’énergie et ces matières premières est qu’ils ont en ce moment des rendements très faibles pour satisfaire la demande mondiale, mais grâce aux nouvelles recherches scientifiques, on pourrait changer ceci.

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