mercredi 14 novembre 2012

Chronique de la RAT : La francophobie continue

Par Sylvain Bérubé

Sylvain Bérubé, cofondateur de la Réforme acadienne traditionnelle (RAT) et bachelier en science politique à l’Université de Moncton, termine présentement sa maîtrise en science politique à l’Université d’Ottawa à Ottawa. Se sentant tel un Acadien naufragé en terre inconnue, bien loin maintenant de sa terre natale, il nous fait part chaque semaine de ses réflexions en louant les bonnes vieilles valeurs de l'Acadie pré-1755.

Au cours de la dernière semaine j’ai repris correspondance avec d’anciennes connaissances de l’Acadie. Je cherchais à savoir si l’Acadie avait eu écho des propos du détestable M. Rioux. Ce qu’ils m’ont répondu m’a scandalisé. Il semble que les journaux anglophones, par la voix de leurs éditoriaux, ont repris la ligne discursive qu’on a connue il y a quelques années avec la « Anglo Society » pour s’attaquer à la dualité linguistique. En lisant ces nouvelles, je me suis surpris à écraser le pauvre petit pigeon qui m’avait livré le message entre mes mains. La colère m’emportait. Je me suis calmé, j’ai fait mes excuses au pigeon puis j’ai continué ma lecture de la lettre. Celle-ci poursuivait en expliquant que suite aux recommandations du RAT, les grands noms de l’Acadie s’étaient mobilisés pour signer une lettre expliquant les multiples erreurs qui s’étaient glissées dans les éditoriaux. Elle allait même jusqu’à remettre aux clairs certaines conceptions fautives quant à la dualité garantie par la Charte canadienne des droits et libertés. Par contre, ce sur quoi je veux m’attarder dans les quelques lignes qui me restent, c’est le chef des francophobes « en habit » (parce qu’il existe déjà un chef « redneck » francophobe). Cet homme qui s’appelle Kris Austin et est le chef du parti politique de l’Alliance des Gens du Nouveau-Brunswick.

M. Austin a décidé de se faire le défenseur d’Irving et des divers médias anglophones appartenant au géant du Nouveau-Brunswick. Par le fait même, M. Austin a décidé que l’Alliance des Gens du N.-B excluait tout Acadien et francophone qui n’avait pas particulièrement envie d’être assimilé. M. Austin oublie, à son loisir, tout le contexte historique qui mena à la dualité linguistique. M. Austin, comme chef d’un parti politique provincial, connaît sûrement l’histoire de sa province et de l’exploitation des Acadiens qui dure depuis toujours. M. Austin dit que la dualité est une division, que ça met les anglophones et les francophones chacun de leur bord, chose qu’il conçoit comme inacceptable parce que pour lui il serait bien mieux que tout le monde se tienne du côté anglophone de la balance.

Disciples de la réforme acadienne traditionnelle, nous vous demandons de vous joindre à nous et de pointer Austin du doigt en lui parlant dans un langage qu’il comprendra : « grouikkkk-grouuiiiiiikk!!! ». Le chef en habit se dit un « modéré » dans le débat, pourtant il est incapable de comprendre la réalité qui est celle des Acadiens de la province du Nouveau-Brunswick. Si un soi-disant « modéré » adopte ce type de discours, c’est qu’il est devenu acceptable d’être antifrancophone chez les anglophones. L’époque du « politicly correct » tire à sa fin et nous faisons face à une résurgence des attitudes COR-istes du début des années 90. La réponse acadienne à ce dilemme semble naître de l’évidence même.

Il est du devoir de chaque disciple de la RAT de prôner une dualité linguistique radicale. Si la dualité est synonyme de division, nous avons besoin de plus de division. La dualité radicale implique un plein contrôle sur toutes nos institutions, notre territoire et notre manière de vivre. Nous serons tellement « divisés » que l’Alliance des gens du N.-B n’aura plus à s’indigner de notre existence. Nous serons tellement « divisées » comme province qu’ils ne réaliseront pas que nous sommes toujours là à vivre heureux. Ceci semble la meilleure solution. Les Acadiens n’auront plus à entendre parler des francophobes et les francophobes n’auront pas à traverser dans le territoire francophone. Tout le monde vivrait heureux jusqu’à la fin de leurs jours…

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