mercredi 21 novembre 2012

Chronique « Terre-Neuve surnaturelle » : Se faire ignorer

par Emily Briand

Les histoires d’événements surnaturels peuvent être très divertissantes. Il n’est pas nécessaire de croire aux esprits maléfiques pour apprécier le petit frisson qui saisit la base de votre nuque lorsqu’une panne de courant vous surprend en pleine nuit. Chaque semaine, Emily Briand, étudiante en 3e année au baccalauréat en science infirmière à l’Université de Moncton, tentera de nous faire vivre l’inexplicable en nous partageant des légendes de l’île de Terre-Neuve qui lui furent racontées par des voisins, des amis et des membres de sa famille.

Il y a environ 70 ans, dans notre région en question, la danse était l'un de seuls événements visant les adolescents et était tellement populaire que les jeunes marchaient de huit à dix heures pour s’y rendre. S’ils avaient de la famille ou des amis qui habitaient dans la communauté où avait lieu la danse, les jeunes se préparaient là. Par contre, ceux qui n’avaient pas ces connaissances étaient obligés de se préparer chez eux et espérer que le vent ne ruine pas trop leurs cheveux en route.

Ceci était le cas d’une jeune fille de 14 ans, qu’on appellera Céline. Elle n’avait pas beaucoup d’amis, et elle attribuait beaucoup de cela à sa mère, qui était très stricte. La mère de Céline lui imposait toutes sortes de choses, souvent d’ordre religieux, et limitait ses déplacements. La danse, pour Céline, était l'une des seules occasions qu’elle avait pour sortir et s’amuser un peu. Donc, lorsqu’elle avait entendu parler de la prochaine danse qui s’en venait, c’est sûr qu’elle avait hâte.

Lors de la journée de la danse, Céline s’était levée tôt afin d’avoir assez de temps pour se préparer. Elle était en train de se maquiller lorsque sa mère entra dans sa chambre.

« Céline, tu sais que la danse est ce soir.. »

« Oui, m’an »

« Je veux que tu portes ceci », dit sa mère en lui tendant un objet.

C’était un scapulaire brun, un genre de collier avec deux carrés en tissu; un qui était porté en avant du corps, et l’autre en arrière. Le collier était béni par un prêtre, et selon les croyances catholiques de la région, était une protection contre le Diable et ses démons.

Malgré qu’elle était croyante et faisait d’habitude tout ce que sa mère voulait, Céline ne voulait pas porter le scapulaire par peur que celui-ci lui donne de la difficulté à se faire des amis. Même dans ces temps, on s’inquiétait de ce qui était considéré « cool ». Finalement, après une petite dispute avec sa mère, elle concéda et promit de le porter.

Rendue à la danse, elle avait son scapulaire caché sous ses vêtements et personne ne l’avait remarqué. Dans un coin, les musiciens de différentes communautés jouaient de la musique, et de temps en temps, quelqu’un chantait. La salle était pleine de jeunes venant de partout, et tous dansaient, même ceux qui jouaient la musique.

Cependant, lorsque la musique changea pour une danse lente, un gars que personne ne connaissait entra. Il était ridiculement beau avec des cheveux et des yeux noirs. Il était grand avec des épaules larges et était habillé comme un riche. Les yeux de toutes les filles étaient sur lui, sans exception. Une à une, il demanda à toutes les filles de danser, pendant que Céline attendait impatiemment son tour.

Par contre, lorsqu’il eut dansé avec chaque fille sauf elle, il se retourna pour quitter. Se sentant pratiquement visée, Céline couru après lui pour lui demander s’il voulait danser. Trois mètres avant qu’il passa la porte, elle voyait des étincelles venant de ses pieds, dont un était devenu une patte de cheval. Dorénavant, elle porta en tout temps son scapulaire brun aux danses.

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