mercredi 14 novembre 2012

Chronique scientifique : Faut-il avoir peur du nucléaire?

Par Roby Gauthier

Cette chronique fait suite à la dernière qui abordait le sujet des sources d’énergie que l’humanité utilise de nos jours pour fabriquer de l’électricité. Dans cette chronique, on avait vu qu’il était possible de diviser les sources d’énergie en deux parties : les sources d’énergie diffuses et les sources d’énergie concentrées. Les sources d’énergie diffuses, dont l’énergie éolienne en est un exemple, ont déjà été abordées. Maintenant, je parlerai des sources d’énergie concentrées.

Les sources d’énergie concentrées
Ces énergies sont, comme indiqué, concentrées. Les énergies fossiles, l’énergie nucléaire et l’énergie chimique, en sont de bons exemples. On n’a guère besoin d’explication pour comprendre que les énergies fossiles ne sont pas le futur de notre société. Par contre, l’énergie nucléaire du futur pourrait s’avérer meilleure que l’on ne le pense. Voici la raison. Aujourd’hui, les centrales nucléaires fonctionnent à l’aide de fission d’atomes d’uranium 235 par des collisions de neutrons. Cette division de l’atome produit de la chaleur que l’on utilise pour fabriquer de l’électricité. L’uranium naturel que l’on extrait des minéraux est composé de 99,3 % d’uranium 238 et 0,7 % d’uranium 235, deux atomes d’uranium qui ne possède pas le même nombre de neutrons. On s’aperçoit ici qu’il ne suffit pas de purifier l’uranium que l’on extrait des mines et on doit également éliminer l’uranium 238 énormément présent pour obtenir un combustible nucléaire pour les centrales. Une tâche assez difficile. Après avoir purifié l’uranium 235, il reste toujours de l’uranium 238 de façon non négligeable. Lorsque l’uranium 238 est percuté par des neutrons dans le cœur des centrales, il se transforme en plutonium 239, un élément très intéressant pour l’armement nucléaire. Voilà la raison pour laquelle, dans les années 50, le gouvernement des États-Unis a plutôt opté pour des centrales nucléaires à l’uranium au lieu de celles au thorium, un élément qui crée des déchets nucléaires inutiles pour la création d’armes. Pourtant, le thorium pourrait être très intéressant pour l’énergie nucléaire. Non seulement le thorium est présent sur la Lune, est 4 fois plus présent sur Terre que l’uranium et nécessite moins de purification que l’uranium, mais 1 tonne de celui-ci peut également produire autant d’énergie que 200 tonnes d’uranium et 3,5 millions de tonnes de charbon. De plus, les estimations du coût de futur réacteur au thorium sont très inférieures au prix actuel des réacteurs, soit 10 000 $. Comparativement, les centrales nucléaires actuelles coûtent près de 40 millions de dollars, dus aux énormes prix des dômes de sécurité et des réservoirs sous pression qui sont nécessaires pour transporter la chaleur du cœur. Les futures centrales à sel fondu au thorium n’auront guère besoin de réservoir sous pression, due à leurs technologies particulières, ce qui a pour cause de réduire non seulement le prix, mais également le risque d’accidents nucléaires. Ceci est sans que les autres techniques utilisées, qui rendent ces centrales extrêmement sécuritaires comparées à celles d'aujourd'hui, soient considérées. En outre, ces centrales pourraient produire de 10 000 à 100 000 fois moins de déchets radioactifs qu’une centrale actuelle à l’uranium. Sans compter qu’elle peut utiliser des déchets de centrales à l’uranium en petite quantité pour que le thorium 232, qui n’est pas fissible, soit transformé par absorption de neutrons en thorium 233 qui lui est fissible et peut donc être utilisé pour produire de l’énergie. Par ailleurs, ces réacteurs sont si denses en énergie, que l’excès de chaleur peut servir à dessaler l’eau de mer économiquement, à séparer l’hydrogène de l’eau pour créer du carburant ou même à créer de l’ammoniac. Sans compter que les déchets nucléaires de ce genre de centrale peuvent contenir des éléments rares non radioactifs qui peuvent être utiles pour l’électronique moderne et le monde industriel en général.

Finalement, je crois que nous ne devons pas avoir peur de l’énergie nucléaire, mais plutôt des technologies nucléaires actuelles. Si nous parvenons à maitriser cette source d’énergie à l’avenir en réduisant au maximum les dangers qu’elle cause, elle pourrait être une source d’énergie pour des centaines d’années et même une source d’éléments rares. Dans ce monde, il est illogique de craindre une technologie. Il faut plutôt avoir peur de l’immaturité dont notre société fait preuve.

1 commentaire:

LAURIE, John a dit...

Bonjour,

Article intéressant !
Malheureusement, un réacteur au Thorium coûtera un peu plus que $10,000.
Thorium 232 + neutron --> Thorium 233 --> Protactinium 233 --> Uranium 233. C'est l'U233 qui est fissile.
Plus d'informations sur le Thorium et les réacteurs à sels fondus à :
www.energieduthorium.fr