mercredi 14 novembre 2012

Le jour du Souvenir et les oubliés

Par Anthony Doiron

Si nous avons les moyens d’envoyer nos soldats mourir outre-mer, pourquoi sommes-nous incapables d’assurer un budget pour nous occuper de ceux et celles qui reviennent à la maison?

C’est la question que je me pose chaque fois qu’on me demande de donner généreusement en tentant de me vendre un coquelicot. Après l’avoir acheté, je m’imagine parfois la réponse de ceux qui refuseraient d’en acheter ou d’en porter un :

« Désolé monsieur l’ancien combattant, on doit tous se serrer la ceinture. L’effort de guerre en Afghanistan nous a coûté cher… et puis on doit bien couper quelque part. »

Parlons-en de cet effort de guerre.
En 2001, les Forces canadiennes furent déployées en Afghanistan afin d’aider les Américains à envahir l’Afghanistan, ou à y exporter un peu de démocratie : au choix.

On nous donna trois raisons derrière cette décision : que c’était dans l’intérêt de la nation canadienne; que cela bénéficierait grandement notre positionnement au niveau du monde des affaires; et par bonne mesure, parce que nous aimons arbitrairement aider les pays qui en ont besoin. C’est ainsi que nous sommes gentiment restés chez nos amis afghans depuis maintenant 11 ans, et selon les coûts prudemment estimés du directeur parlementaire, nous l’avons fait à 1,64 billions de dollars par année. Le Centre des nouvelles du Canada rapporte que 1859 soldats canadiens y furent blessés alors que 154 autres y trouvèrent la mort. Des évaluations menées auprès de soldats canadiens déployés à Kandahar et à Kabul de 2001 à 2008 montrent que 17,1 % et 14,5 % d’entre eux, respectivement, souffrent maintenant de problèmes mentaux. Une autre étude, cette fois financée par le Ministry of Defence du Royaume-Uni, indique qu’un soldat sur huit développerait le trouble de stress post-traumatique.

Que voulez-vous? Ça coûte cher la démocratie.
Lorsque vient le temps de recruter des soldats, d’acheter des F-35, ou de financer l’effort de guerre, nous ne manquons jamais d’argent, mais étrangement, lorsque vient le temps de prendre soin de ces gens qui ont osé mettre leur foi en nous, nous nous contentons bonnement de leur expliquer que la situation économique est difficile.

Ne devrions-nous pas faire l’inverse : assurer un budget adéquat pour s’occuper de nos anciens combattants et compter sur des campagnes de souscription afin de financer l’effort de guerre?

« Bonjour madame, voulez-vous donner généreusement pour bombarde- euh, exporter la démocratie au Moyen-Orient? Non? Sans cœur… »

Appuyer nos hommes et nos femmes en uniforme veut aussi dire s’occuper d’eux une fois qu’ils sont revenus au pays : souvenez-vous-en.

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